“Celebration Week”, un Boxing Day en pire

Parcage des ultras monégasques en déplacement à Auxerre, le mercredi 28 décembre.

La LFP n’aurait pas pu s’y prendre autrement si elle avait voulu gâcher la reprise de la Ligue 1 et de la Ligue 2. Après un peu plus d’un mois de coupure pour cause de Mondial au Qatar, elle a remis les ultras sur le pied de guerre avec un calendrier farfelu et des horaires absurdes. 

Si, et ce n’est pas un scoop, elle se contrefout des supporters, la Ligue serait au minimum bien inspirée de consulter un peu plus les acteurs avant de s’aventurer dans des programmations farfelues comme avec sa “Celebration Week”. Franck Haise ou Christophe Galtier ont tiqué sur les horaires, Bruno Genesio a été un peu plus acide, espérant ironiquement que ceux qui ont eu l’idée de ce calendrier “ne seront pas à la plage en vacances“.

La “Celebration Week”, en anglais dans le texte, c’est la trouvaille marketing de la LFP. Profitant de cette saison inédite entrecoupée d’une Coupe du Monde, la LFP a pondu en début de saison un calendrier avec deux journées de championnat de Ligue 1, entre le le 28 décembre et le 2 janvier. Et dès le lundi 26 décembre pour la Ligue 2. Guidée par la nécessité de générer de nouveaux revenus, l’instance présidée par Vicent Labrune n’a rien trouvé de mieux que de singer piteusement le Boxing Day en vogue en Angleterre où, il est bon de le préciser, le 26 décembre est un jour férié.

Les ultras s’y opposent massivement

Dans un football français plutôt habitué à opérer la “trêve des confiseurs” à cette époque, la volonté d’importer cette coutume britannique – dont l’aspect commercial, à l’ère de la globalisation du capitalisme, ne fait aucun doute – a bien entendu de quoi interpeler. Mais ce sont surtout les horaires des matchs qui frappent par leur absurdité. Des horaires insultants qui illustrent une fois de plus combien les instances méprisent les supporters, souvent abonnés soit dit en passant.

Les ultras amiénois en déplacement à Valenciennes, le 26 décembre.

Pas moins de sept créneaux différents de programmation pour les dix matchs de la 16e journée, idem pour la 17e. C’est comme ça qu’on se retrouve avec un Strasbourg-Troyes le lundi 2 janvier à 15h et un Lille-Reims le même jour à 17h. Présent au Parc des Princes le 28 décembre, les groupes strasbourgeois ont d’ors et déjà fait savoir qu’ils boycotteront le match, pourtant capital, face à l’ESTAC. Pour la première fois depuis bien longtemps, la Meinau – qui affiche l’un des meilleurs taux de remplissage – sonnera creux.

On se demande bien ce qui a pu se passer dans la tête des génies qui ont établi ce calendrier. Les bourgeois de la LFP ont-ils oublié que parmi les supporters des clubs concernés il y avait un nombre important de gens encore au boulot à cette heure-là? Les ultras lorientais ne se sont pas privés de le leur rappeler avec leurs banderoles et leur grève de 30 minutes lors de la réception de Montpellier. Certains groupes, à l’image des ultras rémois, ont opté pour le boycott de la “Celebration Week”. C’est que, convertis en euros, ils ne pèsent pas grand-chose dans la balance comparé à l’argent des diffuseurs.

Ne plus laisser le football aux marchands

Beaucoup d’autres comme le Kop Rouge de Guingamp, le Collectif Ultras Paris, la Tribune Nord Amiens, les Ultramarines Bordeaux, les Ultras Roisters de Valenciennes ou les Ultras Monaco ont déployé des messages hostiles aux matchs en semaine et aux horaires indécents. Certains ressortant le slogan de rigueur “Le football c’est le week-end”, déployé à maintes reprises cette saison par les ultras lors des matchs décalés du lundi soir, en National ou en Ligue 2.

Les ultras de Troyes avec leur banderole “LFP: ton calendrier nous fait gerber”, ou encore les ultras montpelliérains, “LFP, diffuseurs: allez vous faire enculer!”, ont pris part au mouvement. On l’aura compris, la “Celebration Week” ne va pas redorer l’image déjà bien écornée des dirigeants du football français. Elle ne fait qu’illustrer le fossé qui ne cesse de se creuser entre le peuple des tribunes, partisan d’un football réellement populaire, et les instances. L’écœurante Coupe du Monde au Qatar a rappelé l’urgence de ne plus laisser le football aux marchands, la reprise de la Ligue 1 nous le confirme.

Édito n°55

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