Face à toutes les incertitudes actuelles qui planent sur le monde du football, les divisions moins exposées, comme la Segunda B en Espagne, ne sont pas en reste. Mis à part les derniers doutes à lever quant au calendrier et au protocole sanitaire, la 3e division ibérique s’apprête à vivre sa dernière saison avant d’être transformée en profondeur. Explications.
Il y aura bien 102 équipes en lice de Segunda B, la « División de Bronce », pour cette saison 2020/21. Un nombre d’équipes exceptionnellement élevé qui résulte de la décision prise au printemps dernier par la Fédération (RFEF) de mettre un terme à la saison 2019/20 et de geler les relégations en raison de la pandémie de Covid-19. Une situation sanitaire loin d’être réglée et qui alimente les inquiétudes de nombreux clubs à quelques semaines d’une reprise voulue pour le 26 septembre, mais pas encore officialisée.
Ces 102 équipes seront donc répartis en cinq groupes. Mais au vu du contexte sanitaire et des incertitudes liées à l’évolution de la pandémie à l’automne, la RFEF a divisé ces cinq groupes en dix sous-groupes constitués sur des bases géographiques. Le même type de subdivision devrait être appliquée en Tercera (4e division). Le but est de limiter les déplacements, mais ça aura aussi pour effet de réduire le nombre de matchs. La majorité des 102 équipes ne joueront qu’une trentaine de matchs, un peu plus pour celles qui iront au bout des play-off. La Fédération table sur un maximum de 32 matchs.
Quoiqu’il en soit, cette Segunda B – qui existait sous ce format de quatre groupes depuis 87/88 – vit sa dernière saison. Une nouvelle division professionnelle – appelée pour l’instant la Segunda B « PRO » – verra le jour dès la saison 2021/22. Elle viendra se glisser entre les actuelles 2e et 3e divisions et sera limitée à 40 équipes réparties en deux groupes (Nord et Sud). C’est dire l’enjeu de la Segunda B de cette saison dont le format ne pardonnera pas car pas moins de 62 équipes resteront à la porte de cette nouvelle division et se verront de fait rétrogradés au quatrième niveau.
Format de la saison 2020/21
Dans cette course pour ne pas rester sur le carreau, les 102 équipes verront leur saison découpée en trois phases. Une première phase sous la forme d’un championnat aller-retour de 18 matchs, à l’échelle de leur sous-groupe. Une deuxième phase où s’affronteront les trois premiers de chacun des dix sous-groupe, à nouveau répartis dans cinq groupes de 6 équipes. Les trois meilleurs de chacun de ces cinq groupes, plus le meilleur quatrième, se retrouveront pour une phase finale d’accession, dans son format classique, à savoir un tableau à élimination directe à partir des 1/8e de finale. Les quatre équipes qui atteignent le dernier carré de ces play-off d’accession monteront en 2e division. Les autres équipes (soit les 12 équipes battues en play-off, les 14 qui ne sont pas sortis de la Phase 2) sont de fait retenues pour intégrer la nouvelle Segunda B « PRO » en 2021/22. S’y ajouteront les quatre équipes reléguées de 2e division. Ce qui fait 30 équipes. Les dix accessits manquants seront disputés par les 4e , 5e , 6e et 7e des sous-groupes de la Phase 1 sous une forme qui reste à affiner. Noter que les équipes qui ne gagneront pas le droit d’accéder à la Segunda B « PRO », seront assurées d’être en Segunda B, qui deviendra le 4e échelon du football espagnol. Enfin, les 8e , 9e et 10e des sous-groupes s’affronteront eux dans une phase de relégation.
En attendant la création de la Segunda B « PRO »
La perspective d’une saison à 102 clubs, même temporaire, peut prendre des allures de bourbier et n’enchante vraiment pas toutes les équipes. La proposition de création d’une Segunda B « PRO » est venue durant le confinement d’une trentaine de clubs qui voulaient la voir mise en place dès cette saison. Une perspective jugée trop précipitée par la RFEF et son président Luis Rubiales qui sont favorables à la restructuration du troisième échelon du football espagnol, mais pour 2021/22.
Il est vrai que la situation de cette division est particulière avec une grande disparité de niveau et surtout de statut. S’y côtoient des clubs professionnels, des clubs amateurs et des filiales de clubs de Liga ou de Segunda División. Quand des joueurs comme Vinicius ou Rodrygo du Real Madrid, transférés pour plusieurs millions d’euros, jouent en équipe réserve, ils affrontent des équipes dont le budget total atteint à peine 1% du prix de leurs transferts. Cette situation est-elle tenable ? La question se pose.
Chacun voit midi à sa porte. Un certain nombre de clubs représentant des villes de plus 150 000 habitants comme Murcie, Cordoue, Alicante ou encore Burgos estiment eux que le format actuel les pénalise. Cette disparité propre à la Segunda B nuirait à l’attractivité, et donc aux diffuseurs et aux sponsors. En réalité, le projet d’une Segunda B « PRO » resserrée est pensé pour ces équipes. Le projet initial, motivé dans un document de 17 pages publié au printemps, prévoit même les années suivantes de basculer sur un format définitif d’un groupe unique réunissant 20 à 24 équipes. En se délestant des clubs les plus modestes, les plus « costauds » sécurisent leurs intérêts et espèrent trouver de nouvelles sources de revenus en négociant des droits télé plus juteux. Une réflexion essentiellement économique. Le propre du football moderne.
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