Gazzetta Ultra’, le retour réussi du fanzine généraliste

Le nouveau Gazzetta Ultra’ est disponible depuis quelques semaines. Depuis presque un an, une équipe de passionnés s’agite pour faire vivre ce fanzine généraliste. Une pratique qui semblait en voie de disparition. A travers ses pages Gazzetta Ultra’ donne la parole à divers groupes qui animent les tribunes des stades de France et de Navarre, mais aborde aussi le développement du mouvement ultra’ de par le monde. Pour nous en parler un peu plus, ils ont accepté de répondre à nos questions.

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Dialectik Football: Après la sortie du n°0 en avril 2019, le n°1 a connu une sortie des presses d’imprimerie pour le moins compliquée. Pour les lecteurs de Dialectik Football, pouvez-vous revenir en quelques mots sur la naissance du projet Gazzetta Ultra’?

Gazzetta Ultra’: Notre projet est né déjà d’une passion commune pour les fanzines ultras, que ce soit ceux des groupes, où bien les généralistes étrangers comme Fan’s en Italie ou Erlebnis Fussball et Blickfang en Allemagne. Nous étions impliqués dans les équipes fanzines de nos groupes et après avoir fait le constat qu’il n’existait plus de tel support en France depuis maintenant 10 ans, nous avons voulu ressortir un fanzine généraliste, pour relater ce que nous vivons tous les week-end mais également pour sortir des sentiers battus et découvrir le mouvement ultra’ ailleurs qu’en France et en Europe.

DF: Pour les lecteurs qui n’auraient pas eu le n°0 entre les mains et pas encore le n°1, pouvez-nous dire les formats que vous privilégiez ? Les contenus du n°1 qui valent le détour?

GU’: Nous essayons de trouver des sujets originaux, d’explorer des terrains encore peu connus pour avoir des contenus exclusifs. Alors bien sûr on retrouve des photos de rencontres françaises et européennes mais nous voulons autant que possible d’être originaux dans nos articles. Dans chaque numéro, nous retrouvons aussi une interview de groupe. Pour le #0 nous avons eu la chance de pouvoir interviewer les Toulonnais et pour le #1 les Magic Fans de St Etienne. A chaque fois, nous essayons de donner la parole à des groupes de premiers plans ou à des groupes qui s’expriment peu dans les médias. Sans trop en dévoiler du #2, nous ferons voyager nos lecteurs pour découvrir le mouvement ultra’ dans le sud-ouest asiatique et nous aurons la chance d’interviewer un groupe marseillais.

DF: Le n°0 s’est écoulé à une vitesse phénoménale. Preuve de la demande et de l’attente du monde des tribunes. Vous attendiez-vous à un tel succès?

GU’: En effet, le premier numéro est parti extrêmement vite, en seulement 15 minutes, que ce soit auprès des groupes ou du public. Nous ne savions pas trop où nous mettions les pieds après 10 ans et nous avons fait le choix d’en sortir 1000. Nous avons fait quelques déçus mais au final, plus d’une vingtaine de groupe ont pu en commander et nous avons ainsi donc pu toucher les ultras actifs, ce qui nous importait le plus. Nous avons tout de même pris la décision d’augmenter les tirages pour les numéros 1 et 2 pour en sortir près de 2000.

DF: Des groupes ultra’ sont présents dans quasiment tous les stades de L1 et L2, et parfois aussi dans les divisions inférieures. La culture continue de se diffuser dans les milieux de supporters. Pour autant, le fanzine est un outil qui semble sous-utilisé. Vous avez une explication? Est-ce que c’est parce que tout passe par internet ?

GU’: C’est une bonne question, le fanzine a connu ses heures de gloires dans les années 90 pour, 15 ans après, disparaître totalement de certaines tribunes. Bien sur, l’arrivée des nouveaux systèmes d’information ont bouleversé les codes de diffusion ultra’ par la même occasion. A notre époque, le fanzine est sous utilisé parce que cela demande beaucoup de travail mais aussi parce qu’internet a pris le pas sur le support papier. Cela n’est pas seulement vrai pour le mouvement ultra’ mais pour toute la presse en général. Mais dans notre contexte, l’offre existait seulement sur le net, tout du moins en français.

DF: Pour rester sur la question du fanzine, quelles sont vos influences, vos modèles, vos inspirations, en France ou à l’étranger? Vous inscrivez-vous dans les pas des anciens Génération Ultra et Sup’Mag’?

GU’: Même si nous relatons l’actualité des tribunes, nous ne pouvons pas nous autoproclamer héritiers de Sup’Mag ou de Génération Ultra. Ces support ont existé dans un contexte totalement différent, sans internet. Ils proposaient quelque chose de nouveau pour leur époque et ils ont posé les bases des fanzines généralistes qui ont suivi. Leur influence a été très importante, notamment quand on pense aux correspondances qui s’opéraient dans les petites annonces de Sup’Mag. Au temps d’internet nous nous devons de trouver des contenus originaux que l’on ne retrouve pas sur la toile.

DF: On voit des médias, comme Sport People en Italie ou Faszination Fankurve en Allemagne, qui ont fait le choix de la diffusion internet. Il y a des raisons économiques évidentes. Expliquez-nous le choix du fanzine papier généraliste et ce que ça implique en terme de périodicité?

GU’: Comme nous l’avons dit dans l’édito du numéro 0, le mouvement ultra’ a toujours représenté les anachronismes dans sa volonté de se démarquer de ce que la société propose de mainstream. Le créneau internet est déjà très occupé et comme tu l’as dit, des sites se dédient exclusivement à relater l’actualité du mouvement sur le net. A partir de ce moment là, quel est l’intérêt de faire comme les autres surtout que ces derniers sont bien implantés et font du bon travail? Il était important pour nous de se démarquer. Alors bien sûr, cela implique de ne pas toujours coller à l’actualité mais cela nous pousse aussi à trouver des contenus originaux qui ne sortiront que sur papier. Les outils numériques ne remplaceront jamais le bonheur de toucher, sentir et passer un bon moment avec son magazine.

DF: Vos deux premiers numéros consacre des articles à la scène ultra’ au Maghreb, pourrait-on avoir votre regard sur son développement ces dernières années?

GU’: Le Maghreb est un mouvement en pleine expansion depuis un peu moins d’une dizaine d’années. Ce qui nous plaît, c’est qu’il y retrouve ses racines en tant que mouvement de la jeunesse. Les stades sont pleins, on y voit tous les week-end des tifos d’envergure et l’ambiance n’est pas sans faire penser à l’Argentine. Le tout à 2h d’avion de chez nous, que demander de plus. L’Afrique, comme l’Asie sont des régions où le mouvement est très dynamique et il est intéressant d’observer comment il s’y développe dans des sociétés qui sont culturellement différentes de ce qu’on trouve en Europe. Il nous a donc semblé intéressant de mettre en avant le supportérisme là-bas. Et ce n’est pas fini, d’autres sujets sur le Maghreb sont à venir !

DF: Est-ce que le fanzine peut devenir un porte-voix, ou au moins une caisse de résonnance, des grandes causes sociales des ultras comme la lutte contre la répression ou pour des prix populaires?

GU’: Je ne pense pas que le fanzine puisse à lui seul constituer un porte-voix pour les luttes des Ultras. Même si c’est un bon outil pour y publier des articles de fond, la société actuelle, et notamment à cause des réseaux sociaux, a créé une culture de l’immédiateté. De par la périodicité de notre zine, nous ne pouvons pas relayer dans l’instant la parole des groupes sur ce genre de sujets. C’est là aussi qu’internet a pris le pas sur le papier. Par contre ce qui est sûr, c’est que nous n’hésiterons pas à donner de l’écho à toutes les luttes qui touchent le mouvement ultra’ dans les colonnes de Gazzetta comme nous l’avons déjà fait notamment avec les Sochaliens, les Rouennais ou encore les Valenciennois. Pour l’avenir, une rubrique sur l’ANS est en cours de réflexion, afin de relayer leurs actions en faveur des tribunes et de la cause supporters.

 

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