La Nordkurve de Babelsberg célèbre les 150 ans de Karl Liebknecht

©Presseservice Rathenow

A Potsdam, ville du SV Babelsberg 03, les tribunes ont le cœur qui penche bien à gauche et fêtent l’anniversaire de la naissance de l’un des fondateurs de la Ligue des Spartakistes et du Parti Communiste d’Allemagne, qui a donné son nom au stade.

Quelques jours après avoir réalisé l’exploit de sortir Greuther Fürth (club de Bundesliga) au 1er tour de la Coupe d’Allemagne, le SV Babelsberg 03 retrouvait son championnat de Regionalliga (4e division) avec la réception du Chemie Leipzig, le 13 août dernier. Une date qui n’est pas anodine quand on est fan de Babelsberg, antifasciste comme il se doit, puisqu’il s’agit de la date de naissance de Karl Liebknecht, il y a 150 ans.

Karl Liebknecht, l’un des leaders du spartakisme

Hors d’Allemagne, Karl Liebknecht n’est pas si une figure révolutionnaire si connue. En tous cas moins connue que sa camarade de lutte Rosa Luxemburg avec qui, ainsi qu’avec Clara Zetkin, il est à l’origine de la Ligue des Spartakistes qui servira de base au Parti Communiste d’Allemagne, le KPD. Karl Liebknecht est un des principaux opposants allemands à la guerre de 14. Partisan internationaliste, comme stratégie d’opposition à la guerre, il défend la lutte des classes et l’affrontement contre la bourgeoisie de son propre pays.

Emprisonné entre 1916 et 1918, il est libéré peu avant la fin de cette guerre qui aura tué et mutilé des millions d’ouvriers. L’armistice à peine signé, l’insurrection spartakiste éclate en janvier 2019, et sera écrasée par le gouvernement social-démocrate qui s’appuie sur les Corps Francs, ces milices de soldats démobilisés hostiles au bolchévisme ou à tout ce qui s’y apparente. La tentative insurrectionnelle de faire de l’Allemagne une “République de Conseils” est un échec. Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht le paieront de leur vie, exécutés quelques jours après, le 15 janvier 1919. La notice Maitron qui lui est consacrée évoque une grande manifestation déclenchée à l’occasion de ses funérailles.

Présent au-delà du nom du stade

Le premier complexe sportif Karl-Liebknecht de Potsdam date de 1949. A l’époque le club s’appelle le BSG Karl Marx Babelsberg. Normal, on est en RDA, et la coutume veut que les figures tutélaires du communisme soient honorées en donnant leur nom aux rues ou aux bâtiments publiques. Et les associations sportives n’échappent pas à la règle. Toutefois dès le début des années 50, le club sera rebaptisé BSG Motor Babelsberg et gardera ce nom jusqu’en 1991, date à laquelle il deviendra le SV Babelsberg 03. Mais le terrain, surnommé le “Karli”, n’a jamais changé de nom, même quand un nouveau stade a été construit sur le même emplacement, inauguré en 1976.

C’est que le peuple de Babelsberg est attaché à la figure de Karl Liebknecht, comme à un élément essentiel de son identité. En tribune, à domicile comme en déplacement, l’image du révolutionnaire est mise en avant, sur des drapeaux ou des bâches. Les Filmstadt Inferno 99 utilisent comme symbole du groupe l’effigie de Karl Liebknecht. Pour les 20 ans du groupe, leurs amis ultras de Sankt Pauli réalisaient d’ailleurs un tifo la reprenant.

Ce 13 août, il était donc logique, alors que le retour progressif dans les stades allemands le permet, que la Nordkurve – au sein de laquelle s’activent les Filmstadt Inferno 99 et les Scortesi 07 – rende un hommage appuyé à Karl Liebknecht. On n’a pas tous les jours 150 ans, n’est-ce pas. A cette occasion, une scénographie tout de rouge a été réalisée. Simple et efficace, avec un petit côté retro-soviétique. Le “Karli” a été à la hauteur de son nom.

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