Comme plusieurs pays du continent sud-américain avant elle, la Colombie est elle aussi entrée dans un conflit social depuis le 21 novembre. Et, comme au Chili, les barrras bravas ne sont pas spectatrices mais prennent part et jouent leur rôle dans ces soulèvements populaires.
Le 21 novembre dernier, les colombiennes et les colombiens sont sortis dans la rue contre le paquetazo de Duque et ses mesures néolibérales. Dans plusieurs villes notamment à Barranquilla et Cali, les barras bravas sont dans la lutte. C’est dans cette dernière, que deux barras à la rivalité historique se sont retrouvées côte à côte dans le vent de la révolte. Le Frente Radical Verdiblanco et le Barón Rojo Sur, respectivement du Deportivo Cali et de l’América ont en effet battu ensemble le pavé de la capitale caféière.
Ces deux barras bravas, qui représentent à elles seules plusieurs milliers de personnes n’avaient encore jamais participé ensemble, en plus de 20 ans d’existence (22 pour le Barón Rojo et 27 pour le Frente Radical), à un mouvement social aux noms de leur groupes de supporters. « La situation politique ne nous est pas étrangère, et n’est pas étrangère au football, nous autres, en tant que barras, nous la subissons aussi au quotidien », explique un membre de la Barricada 1927 Antifascista de l’América de Cali.
Laissant de côté leurs antagonismes respectifs, c’est unies que les barras ont participé à la manifestation reprenant des chants de supporters à l’encontre du gouvernement. Mais pas seulement, puisque l’on pouvait aussi voir des banderoles en hommage à Dylan Cruz, première victime de la répression policière, abattu d’une balle en pleine tête, ainsi qu’à toutes les autres personnes tombées sous les coups de l’ESMAD, l’escadron anti-émeute colombien.
La lutte au stade comme dans la rue
Ce 29 novembre se disputait au stade Pascual Guerrero un match pour l’accession à la finale du championnat colombien. Afin de garantir un spectacle sans anicroche, les autorités locales avaient décrété en amont, l’interdiction de toute banderole ou pancarte ayant un lien avec le mouvement social en question. L’interdiction des banderoles et la pression mise sur les supporters n’ont pas empêché les 40 000 personnes de chanter d’une même voix contre l’ancien président Alvaro Uribe et ses liens avec les paramilitaires : « Uribe paraco, el pueblo está berraco! ».
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