Montpelliérains privés de derby, nouvelle illustration de la politique anti-supporters

En plein examen à l’Assemblée Nationale de la future loi anti-casseurs, directement inspirée de la législation ultra répressive qui frappe les supporters de foot, ce week-end a de nouveau été marqué par une interdiction de déplacement. Le derby Nîmes-Montpellier, a été un nouvel exemple de l’acharnement des autorités. Tout déplacement de supporters montpelliérains à Nîmes ayant été interdit par arrêté préfectoral doublé d’un arrêté ministériel.

Depuis le début de la saison les préfets distribuent à la pelle les interdictions de déplacements pour les supporters visiteurs. Une trentaine ont déjà été délivrés en 23 journées de championnat, soit plus d’une par journée. Les prétextes de sécurité avancés sont souvent grotesques. Aussi, le mouvement des Gilets Jaunes mobiliserait des forces de l’ordre “nécessaires” à l’encadrement d’un déplacement de supporters. En réalité, les déplacements de supporters ont déjà été interdits plus de 400 fois depuis leur entrée en vigueur dans le cadre de la Loppsi 2, loi sécuritaire pondue sous Sarkozy.

Banderole des ultras nîmois en déplacement à Nice une semaine avant le derby.

Les derbys sont souvent des matchs entourés d’une forte rivalité entre les supporteurs des deux équipes. C’est souvent la première date qu’on coche lorsque le calendrier de la saison est publié. Le derby entre Montpellier et Nîmes n’échappe pas à la règle. C’est une rivalité qui dure depuis les années 80, même si les deux équipes n’ont pas eu tant d’occasions de s’affronter au cours des dernières décennies. Le niveau de tension est encore monté d’un cran suite au vol de la bâche des ultras historiques de la Butte Paillade 91 par des ultras nîmois. Lors du match aller à la Mosson, en parcage visiteurs où plus de 600 Nîmois étaient présents, un morceau de la bâche avait été exhibé, comme un trophée. Les vols de la bâche adverses font partie du folkore ultras, même si ces dernières années ils ont plus tendance à résulter d’effractions que d’affrontements, ce que certains voient comme un acte plus lâche. Sur le chemin du retour, des bus nîmois avaient été caillassés et un obscure inscription antisémite, attribuée par les médias aux supporters héraultais, avait été tagguée.

Les ultras montpelliérains attendaient le match retour aux Costières, prévu ce 3 février, avec impatience. Mais dès le 25 janvier, le préfet du Gard publiait un arrêté classique mentionnant que “toute personne se prévalant de la qualité de supporter du MHSC ou se comportant comme tel, ne pourra accéder au stade des Costières ni circuler ou stationner sur la voie publique du samedi 2 février 2019 à compter de 20h au dimanche 3 février 2019 minuit.” Les ultras montpelliérains avaient contre-attaqué communiquant qu’ils braveraient l’interdiction de se déplacer et qu’ils se rendraient aux Costières. Une banderole “Tous à Nîmes!” avait même été déployée en tribune lors de la réception de Caen. En coulisse, ils oeuvraient pour que le déplacement soit encadré dans les règles. La direction du club a bien essayé d’intervenir en faveur de leurs supporteurs, sans résultat.

L’arrêté préfectoral a été doublé d’un arrêté ministériel daté du 1er février interdisant les déplacements individuels ou collectifs entre les communes de l’Hérault et Nîmes. Pour justifier cet arrêté, le Ministère de l’Intérieur a invoqué, entre autre, le mouvement des Gilets Jaunes. Ces manifestations hebdomadaires ont bon dos. Ce second arrêté a sifflé la fin de ce bras de fer. Les ultras montpelliérains considèrent que les risques encourus sont trop importants pour se rendre à Nîmes. Dans un second communiqué, ils annoncent qu’ils ne se rendront pas à Nîmes et concluent par allusion à la future loi anti-casseur en rappelant une énième fois que “les mesures administratives qui font actuellement débat sont notre lot quotidien depuis une décennie“.

A quelques heures du match, les Galdiators Nîmes 1991, les ultras locaux ont annoncé, dans un communiqué laconique, regretter l’absence des Montpelliérains. “Nous considérons que chaque supporteur a le droit de vivre sa passion à chaque match à l’extérieur et ne doit pas être pris en otage par un état policier.” Un communiqué bienvenu au regard de la forte rivalité entre supporteurs des deux clubs, mais qui arrive un peu tard. Les ultras doivent plus que jamais se serrer les coudes face à la banalisation de ces mesures liberticides qui leur empêche de vivre leur passion chaque week-end. Solidaires au-delà des rivalités, les ultras seront plus forts face à la répression, quitte à braver les arrêtés.

 

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