Peu après la mort du supporter de l’AEK des suites de plusieurs coups de couteau, lors d’une violente rixe avec les Bad Blue Boys – hooligans du Dinamo Zagreb – épaulés de membres de la Gate 13 du Panathinaikos. L’attitude de la police grecque, qui a manifestement laissé les hooligans croates circuler jusqu’à la capitale, interroge.
Une enquête administrative a été rapidement ouverte. Officiellement, il s’agira de faire la lumière sur ce qui apparaît comme une “incapacité à empêcher les hooligans du Dinamo Zagreb d’arriver à Athènes”, à l’origine des violences ayant abouti à la mort de Michalis Katsouris, supporter de l’AEK âgé de 29 ans. Sur le plan politique, le gouvernement conservateur grec met un point d’honneur à réaffirmer son autorité alors qu’une partie de la presse n’a pas hésité à parler d’une victoire du hooliganisme sur l’état. Mis en cause par une partie de l’opinion, le ministre de la “Protection du Citoyen”, Yannis Oikonomou, a déjà publiquement critiqué la défaillance policière et suspendu sept policiers.
S’il y a lieu douter de l’issue de cette enquête “interne”, menée sous la responsabilité du chef d’état-major du quartier général de la police hellénique, les premiers éléments rendus publics sont accablants. Pour la direction de l’AEK aussi la responsabilité de la police ne fait aucun doute. Selon les médias grecs, il est en effet avéré que les autorités grecques avaient été averties par les services croates, au moins deux jours plus tôt. La veille du drame encore, ce sont les autorités monténégrines qui avaient alerté la police grecque de l’approche de plusieurs dizaines de supporters du Dinamo – connus pour leur idéologie ultra-nationaliste – dans un convoi d’environ 25 véhicules, passant par l’Albanie.
Négligence ou complaisance? Chronique d’un laisser-faire
Les médias ont aussi pris connaissance des notes transmises à la direction générale de la police grecque par la sous-direction en charge des violences en milieu sportif. Ces notes annonçaient la venue d’une centaine de supporters du Dinamo Zagreb – certaines sources parlent même d’un contingent de 200 Bad Blue Boys – accueillis et hébergés par des membres de la Gate 13 du Panathinaikos. Les autorités étaient aussi informées que les Original 21 – supporters radicaux et antifascistes de l’AEK – étaient au fait de cette descente hooligans et se préparaient à y faire face aux abords du stade Agiá Sofiá. Enfin, toujours selon les médias grecs, sur la base de ces informations la direction policière aurait ordonné au poste frontière de Kakavia et à la police de Thessalonique de réagir. Sans effet, puisque les hooligans croates ont pu traverser la Grèce en direction d’Athènes sans être arrêtés.
Leur parcours depuis la frontière albanaise jusqu’à la capitale a aussi déjà été reconstitué. Certains hooligans ont été remarqués au poste de péage d’Elefsina par la police, tandis que plusieurs d’entre eux se sont arrêtés à Kiato, au nord-ouest de Corinthe. De là, ils se sont divisés en petits groupes et ont voyagé jusqu’à Athènes. La plupart ont gagné la capitale soit dans leurs propres véhicules, d’autres en train. Leur point de ralliement était la station “Irini” sur la ligne 1 du métro athénien, où ils ont retrouvé leurs amis du Panathinaikos. De là, ils ont emprunté la même ligne jusqu’à la station “Pefkakia”, puis ont marché jusqu’au stade, aux abords duquel les affrontements ont éclaté.
Prévenues, les unités anti-émeute (MAT) se seraient déployées de longues minutes après l’éruption de violence selon la chaîne ERT TV, faisant un usage massif de gaz lacrymogènes pour y mettre un terme. Ce délai interroge et fait planer l’ombre d’un laisser-faire. Entre temps, Michalis Katsouris avait déjà été poignardé et huit personnes blessées. A ce jour, on dénombre plus de cent interpellations. Sur les 103 personnes déferrées, se trouvent 97 dans le cadre d’une enquête pour homicide involontaire, possession d’explosifs et appartenance à une organisation criminelle.
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