Neymar en tête de gondole du FC Bolsonaro

(©Capture d'écran / TikTok)

Le n°10 du Paris Saint-Germain a officialisé son soutien à Jair Bolsonaro, candidat à réélection le 2 octobre prochain. Loin derrière Lula dans les sondages, le président d’extrême-droite peut encore compter sur une myriade de footballeurs pour le soutenir. Cette fois-ci, ça pourrait ne pas suffire.

A quelques jours de l’élection présidentielle au Brésil, les supporters de Bolsonaro cherchent à aider leur candidat à combler son retard annoncé par les sondages. Lula pourrait même l’emporter au 1er tour. La réélection semble compromise pour le nostalgique de la dictature des colonels. Il abat donc ses dernières cartes. Lui qui annonce depuis plusieurs jours, en prévision de sa défaite, une fraude électorale massive, fait craindre à certains observateur un scénario à la Trump. Ça n’empêche pas nombre de footballeurs brésilien, sur fond de bigoterie chrétienne et de fiscalité avantageuse, de faire de Bolsonaro leur leader politique.

Une vidéo avec Bolsonaro et Netanyahou

Depuis sa campagne électorale de 2018, Jair Bolsonaro jouit d’un large soutien chez les footballeurs, retraités ou encore actifs. Ronaldinho, Cafu, Rivaldo, Felipe Melo ou encore Lucas Moura. Ce dernier s’est récemment distingué par des propos hallucinants lors d’une interview donnée sur une importante chaîne Youtube brésilienne. L’ancien joueur du PSG qui évolue actuellement à Tottenham, qui se définit comme un “conservateur de droite, défenseur de la chrétienté et de la famille“, s’est positionné sur la présidentielle. “Je ne vois pas de candidat présidentiel parfait, mais je ne peux pas nier que Bolsonaro est celui qui se rapproche le plus de ce que je crois. Lula soutient tout ce à quoi je suis opposé… l’idéologie de gauche, le socialisme et même le communisme qui n’est rien d’autre que du nazisme.”

Dans une vidéo postée sur Tik Tok où il compte huit millions d’abonnés, Neymar a, à son tour, déclaré son soutien à Bolsonaro, et donc à sa politique autoritaire, traditionaliste et anti-sociale. Ce ralliement intervient le lendemain d’une visite médiatisée de Bolsonaro à l’institut caritatif fondé par Neymar. La star du football brésilien est un soutien de poids, mais ce n’est pas une surprise. S’il était resté discret lors de l’élection de 2018 en se contentant, comme Gabriel Jesus, de “liker” une publication Instagram d’Alan Patrick favorable au candidat d’extrême-droite, il a progressivement assumé sa proximité avec Bolsonaro. En avril 2019, il apparaît en compagnie du surfeur Gabriel Medina dans une vidéo publiée par les équipes de Bolsonaro, alors en voyage à Jérusalem, aux côtés de Benjamin Netanyahou. Les deux sportifs répondent favorablement à l’invitation du premier ministre israélien.

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Beaucoup plus marquant, il y a quelques mois, l’appareil judiciaire brésilien a suspendu les poursuites contre le joueur pour évasion fiscale. Il était question d’une somme de 35 millions d’euros. Il n’est donc pas possible de tomber des nues après la publication de cette vidéo où Neymar se met en scène avec le jingle de campagne du président-candidat d’extrême-droite dont les paroles appellent à voter en tapant le 22, le code correspondant au choix Bolsonaro sur les urnes électroniques que Neymar s’amuse à mimer avec ses mains. Il existe bien une charte signée par les joueurs du PSG les engageant “l’absence publique de toute propagande politique ou religieuse qui pourrait nuire à l’image et à l’unité du club“. Il y a peu de chances de voir le PSG sanctionner d’une manière ou d’une autre l’officialisation de ce secret de polichinelle.

Loin de la “Démocratie Corinthiane”

Comment pourraient réagir les supporters du Paris Saint-Germain, principalement au sein du Virage Auteuil? Neymar est, de loin, le meilleur parisien depuis le début de saison. Mais ça n’empêche pas sa détestable prise de position de devoir être combattue. Le fascisme n’a pas sa place dans le football, et ça ne doit pas être un simple slogan. On se rappelle de l’arrivée de l’ex-lyonnais Marcelo à Bordeaux la saison passée et de la façon dont une partie des ultras, initialement connus pour leur antifascisme, avaient fait l’autruche pour ne pas dégrader plus le climat autour de leur club.

Parmi les footballeurs, ou ex-footballeurs, de rares voix comme celles de Juninho ou Rai se sont élevées contre le régime de Bolsonaro. Mais que la “Démocratie Corinthiane” des Sócrates, Wladimir ou Casagrande, semble loin dans la mémoire collective des footballeurs! La génération actuelle avance même à l’opposé. “Le football, il a changé”, selon la formule devenue célèbre de Kylian Mbappé, son partenaire de club. Le football brésilien en tous cas.

Édito n°47

 

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