“Nos valeurs passeront toujours avant les résultats”, Edu Arroyo, coach de l’Independiente de Vallecas

Après une longue période d’interruption en raison du contexte sanitaire, le CD Independiente de Vallecas va retrouver le terrain ce dimanche. Pour l’occasion, le média El Futbol Popular a pris la température auprès d’Edu Arroyo, un des deux coachs de l’équipe masculine. Une interview, réalisée par Miriam González, dont nous avons traduit une partie.

Sauf changement de dernière minute, votre saison commence ce 15 novembre. Comment l’équipe vit-elle cette incertitude ?

Il semble que malgré beaucoup d’incertitudes, nous commençons ce dimanche, mais il reste beaucoup d’incertitudes : les dates, le calendrier, les équipes qui vont participer… et même si le championnat va vraiment commencer. L’équipe et tous les membres du club l’ont vécu avec anxiété parce que les informations qui nous sont parvenues des autorités et des instances n’étaient pas très concrètes, et étaient changeantes. Mais, malgré tout ça, nous avons essayé de nous adapter aux règles et aux restrictions, qui ont été variables, pour pouvoir reprendre en novembre. A présent nous sommes focalisés sur ce dimanche 15. Les garçons l’attendent avec impatience. La saison dernière, qui était notre première, a été interrompue si soudainement que nous abordons celle-ci avec encore plus d’envie malgré toute cette incertitude.

C’est un moment très difficile pour le football en général et madrilène en particulier. Une “nouvelle normalité” à laquelle il nous est difficile de nous habituer et dans laquelle nous ne savons pas si les saisons vont commencer et se terminer. Travaille-t-on aussi sur l’aspect psychologique de cet avenir incertain concernant la compétition ?

Il est difficile de ne pas avoir à l’esprit la situation des mois à venir : les protocoles et l’organisation permettront-ils qu’un championnat un tant soit peu normal puisse être joué ? Malgré cela, nous nous préparons comme si nous allions jouer tous les dimanches, un championnat avec uniquement des matchs aller, comme ils l’ont finalement décidé, et avec donc une marge d’erreur moindre. Nous travaillons le plus naturellement possible pour nous concentrer sur ce qui dépend au final de nous, à savoir le football. Je pense que ce serait une erreur d’en faire autrement.

Comment se déroulent les séances d’entraînement ? Comment vous préparez-vous pour le début du championnat et comment l’équipe envisage-t-elle le premier match contre le CD El Valle de Valdebernardo B ?

Tout ce qui entoure ce début de saison est très inhabituel. Durant toute cette période, nous avons rencontré des situations exceptionnelles… De nombreux joueurs n’ont pas pu venir s’entraîner en raison des restrictions et des mesures de confinements. Carlos et moi, les entraîneurs, n’avons pas pu non plus diriger les séances d’entraînement pendant deux semaines parce que nous étions confinés. Carlos et moi avons conçu les séances et, avec l’aide des capitaines, de notre entraîneur des gardiens de but et d’une joueuse de l’équipe féminine, nous avons pu nous en sortir. Nous n’avons pas non plus été aidé par le fait que jusqu’à récemment, le protocole de la Comunidad de Madrid nous contraignait à concevoir des séances limitées à des groupes de six joueurs. Les sessions d’entraînement ont été plutôt déformées, mais nous nous sommes adaptés. A l’approche du match de dimanche, je vois l’équipe avec beaucoup d’envie de commencer, parce que ça fait une éternité pour tout le monde depuis l’interruption en mars dernier. Je pense que nous sommes encore loin de notre niveau, tant physiquement que footballistiquement, mais même ainsi je n’ai aucun doute sur le fait que nous allons nous battre pour les trois points comme si c’était les derniers.

Vous êtes un très jeune club né le 9 février 2019. Quelles sont les aspirations de l’équipe pour cette saison ?

Lors de la première année d’adaptation le défi consistait à mettre sur pied une équipe de 25 individualités, c’est-à-dire 25 joueurs qui ne se connaissaient pas et n’étaient donc pas habitués à notre façon de jouer ni à la leur. Cette deuxième année, nous avons gardé une ossature par rapport à la saison dernière et, à mon avis, cela doit nous inciter à être ambitieux et à penser que nous pouvons monter. Tel doit être l’objectif : la promotion. Il est clair que ce ne sera pas facile car au final il n’y a que deux places et nous allons tout jouer en un seul tour, le tout dans une saison atypique où nous espérons que la compétition ne sera pas trop faussée par cette pandémie. Mais oui, il faut viser haut et l’objectif doit être de monter.

Le club se définit comme “un outil social fondé sur des principes”. Quelles sont les valeurs et les principes de ce club ?

La clé se trouve à Vallecas. S’il y a un endroit où un projet comme celui-ci pouvait être mis en œuvre avec ces valeurs, c’est bien dans ce quartier. Le club veut refléter les valeurs du quartier et ses caractéristiques. Il ne devrait pas être nécessaire de préciser dans les statuts, ni dans le club ni dans aucune organisation, que nous sommes contre le racisme, le fascisme, la xénophobie, l’homophobie, le sexisme, l’exclusion sociale, la spéculation, le classisme etc. mais malheureusement, en de nombreuses occasions, ces éléments qui devraient être obsolètes, sont trop présents, alors ce sont les valeurs que nous défendons.

En outre, sur le site web du club, on peut lire que l’identité du club sera au-dessus des résultats sportifs et que les valeurs seront plus importantes qu’une promotion ?

Nos valeurs et notre identité passeront toujours devant, mais sur le terrain nous attendons une exigence maximale. Cela doit être une source de motivation pour les joueurs. En fin de compte, en tant que joueurs, entraîneurs et supporters, nous voudrons toujours gagner et si par dessus nous devons le faire en portant et en défendant des valeurs, je pense que cela ne peut jamais être pris comme une raison de se relâcher, mais au contraire comme une incitation à exiger davantage de nous-mêmes.

Vous avez également une équipe féminine, ce qui est très important pour l’intégration des femmes dans le monde du football, et c’est quelque chose qui est clair au club depuis sa fondation. Que pensez-vous de la création d’une section féminine de football dès le départ ?

C’est quelque chose que nous considérons comme fondamental au sein du club. Dès le premier instant, il n’y a eu aucun doute sur le fait que nous voulions qu’Independiente ait une équipe féminine, et personnellement, j’attends avec impatience le début de la saison et de pouvoir en faire l’expérience en tant que supporter. J’ai aussi la chance d’avoir vu le groupe à plusieurs reprises et je ne doute pas qu’ils nous apporteront beaucoup de joie.

#11HinchasSobreElCampo (“11 supporters sur le terrain”) est un hashtag utilisé par le club. Que pouvez-vous nous dire sur vos joueurs ?

Je pense que ce qui fait la force de cette équipe, c’est le collectif. La base de l’année dernière est toujours là, 14 joueurs qui nous connaissent comme entraîneurs et connaissent l’idée du jeu que nous voulons mettre en place pour l’équipe. C’est un groupe formidable et très varié avec lequel il est possible de travailler. Nous avons des gens qui ont plus d’expérience, d’autres plus jeunes qui sortent des catégories juvéniles, mais tous ont la capacité de se battre pour une place en ce début de saison. De plus, je pense que nous avons complété l’équipe avec des profils que nous n’avions pas la saison passée. Beaucoup d’entre eux ont une polyvalence qui nous donne à Carlos et moi un éventail de possibilités supplémentaires pour concevoir les onze. Ce qu’ils ont tous, c’est un engagement impeccable et une énorme envie de participer à chaque match, et c’est ce qui comptera et paiera au final.

(Trad. DF)

A lire: Le guide de la saison 2020/21 des clubs de Futbol Popular en Espagne

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