
Premier club géré par ses membres à avoir brisé le plafond de verre de l’élite professionnelle, le PAC Omonia 29M – créé en 2018 sous l’impulsion de la Gate 9, principal groupe de supporters de l’Omonia Nicosie – n’y aura fait qu’un passage express. Son modèle alternatif a encore du chemin à faire pour rivaliser sportivement avec les cadors nationaux. Un coup d’arrêt dont le club doit se servir.
Le PAC Omonia 29M a achevé sa première saison dans l’élite par une défaite 4 buts à 1 sur le terrain de l’Omonia Aradippou. La septième consécutive. Signe d’une fin de saison trop longue pour une équipe qui avait compris et accepté son sort depuis longtemps. Le club avait dû attendre la fin du mois de novembre et la 11e journée de championnat pour accrocher sa première victoire, sur le terrain de Nea Salamis. Il n’y en aura que trois (et cinq nuls) sur l’ensemble de la saison. L’écart de niveau a été flagrant. Le manque d’expérience aussi, à l’image de tous ces points abandonnés dans le “money time”.
La photographie finale de ce premier exercice au sommet aura évidemment des allures de calvaire. Pour le club né il y a six ans sous le nom de PAC Omonia 1948, cet épilogue logique doit s’appréhender avec d’autres lunettes que celle de la froide comptabilité. “Nous sommes venus, nous avons vu, nous avons appris”, avait communiqué le club en 2022 après un maintien D2 arraché de haute lutte. La formule est tout autant adaptée à ce premier passage en 1ère division.
Un derby pour l’Histoire face à l’AC Omonia
Le PAC Omonia, qui a si souvent dominé son sujet dans les divisions inférieures, va donc goûter à l’expérience de la relégation. L’occasion de démontrer sa capacité à rebondir et à tirer les enseignements pour performer dans l’élite. La crédibilité de son modèle hybride “d’un club pro détenu par le peuple” passera aussi par là pour ne pas être une énième étoile filante du football moderne.
Le chemin parcouru par le club force l’admiration, mais la question de la compatibilité de son projet démocratique avec les exigences économiques du football moderne – même à l’échelle de la modeste Cyprus League – reste en suspens. L’équation paraît difficilement soluble sans concession. Les partenariats répétés avec les enseignes de paris sportifs – dernier en date avec Copybet – pourraient être considérés comme un recul sur les valeurs alternatives que le club est censé défendre.
Les membres du PAC Omonia assument ce choix comme une part de pragmatisme pour tenter de survivre dans les méandres du professionnalisme. Les 2 millions d’euros apportés par le sponsoring de Copybet n’auront pas suffi à accrocher le maintien. La vingtaine de recrues et l’internationalisation de son effectif ont été vaines. Malgré les Nikola Trujić, Kevin Broll, Rashaan Fernandes, Jay Enem ou encore Jérémie Bela, l’équipe n’aura jamais vraiment réussi à avoir le coffre nécessaire.
Comme on pouvait le pressentir, cet empilement de “paris” comportait des risques et une période de mise en route trop longue dans un football où il faut être opérationnel tout de suite. On retiendra quand même ces matchs nuls obtenus contre les poids lourds du football local comme l’APOEL et surtout lors du “match pour l’Histoire” face à l’AC Omonia au GSP Stadium. Car cette saison était aussi la première occasion pour le PAC Omonia de se confronter à l’entité avec laquelle il a fait sécession.
Retour annoncé de l’incontournable Gate 9
Les membres de l’Omonia “du peuple” aiment à répéter que la naissance de leur club n’est pas un début mais la continuité logique de l’histoire du géant né en 1948 dans le giron du mouvement communiste. Dans leur discours, c’est bien la vente à l’homme d’affaires Stavros Papastavrou et la transformation de l’AC Omonia en entreprise privée qui incarne la véritable rupture. Il s’agit d’un duel inédit dans une 1ère division entre un club historique et le “protest club” qui en est issu. Si on voulait oser un parallèle parlant, c’est un peu comme si le FC United affrontait Man Utd à Old Trafford en Premier League.
Depuis sa création le club a toujours pu compter sur une importante base sociale dans le sillage de la Gate 9 et près de 1500 membres. Malheureusement, le club n’a pas pu s’appuyer sur cette ferveur en tribunes en raison du boycott de la “carte du supporter” par la Gate 9, fidèle à ses convictions. “Avec la promotion de notre équipe en première division, nous avions l’obligation, malgré l’inexistence d’un mouvement de supporters uni, de poursuivre la lutte contre la carte du supporter et la loi anti-terroriste, même si nous étions seuls”, a expliqué le collectif.
Cette absence a certainement manqué pour grignoter quelques points de plus. La saison prochaine, le PAC Omonia pourra à nouveau compter sur la force de la Gate 9 en tribunes. Même si la carte du supporter n’est pas obligatoire en D2, à l’issue de son assemblée générale du mois de mars, la Gate 9 a acté noir sur blanc sa “défaite” dans la lutte contre ce dispositif sécuritaire et n’appellera plus au boycott, que ce soit lors des matchs de coupe ou dans les autres sports. Une décision qualifiée de “retraite stratégique” par la Gate 9.
Une manière de concentrer son énergie pour accompagner la montée en puissance du club. Le développement omnisports du PAC Omonia 29M s’est poursuivi cette saison avec la création d’une section handball qui boucle sa première saison en ayant écrasé son championnat. Une section basketball va prochainement voir le jour, décision approuvée à plus de 90% par les adhérents. Ce n’est pas une relégation qui doit empêcher le PAC Omonia 29M d’ajouter de nouveaux chapitres à son Histoire.
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