A Bilbao, malgré le confinement, le souvenir toujours vif d’Iñigo Cabacas

©Sare Antifaxista

Huit ans après la mort d’Iñigo Cabacas Liceranzu dit “Pitu”, les journées autour 5 avril sont toujours l’occasion d’honorer sa mémoire, et pour certains de réclamer « Justice ! » avec un peu plus d’écho. Même si cette année, il a fallu composer avec le coronavirus.

Le 5 avril 2012, Iñigo Cabacas, supporter de l’Athletic Bilbao, âgé de 28 ans, célébrait la qualification de son club pour les 1/2 finale de l’Europa Ligue. Mais la Ertzaintza, la police basque, a déboulé rue Maria Diaz de Haro avec la ferme intention de disperser rapidement la foule de supporters. S’en est suivi une violente charge policière et plusieurs tirs de flashball, à hauteur de tête. Un classique qui, des deux côtés des Pyrénées jusqu’au Chili, ne connaît pas de frontière. Touché en pleine tête, Iñigo ne se relèvera pas. Ils mourra des suites d’une fracture du crâne quatre jours plus tard, le 9 avril, à l’hôpital de Basurto.

Cette année, en raison du confinement général lié à la pandémie de Covid-19, les hommages pour les huit ans de la mort d’Iñigo ont du s’adapter à la situation exceptionnelle. Malheureusement, pas e possibilité d’être physiquement aux côtés de Fina et Manu, les parents d’Iñigo. Comme beaucoup de choses depuis quelques semaines, c’est sur les réseaux sociaux qu’ont afflué les hommages et les nombreuses marques d’affection montrant que la mémoire d’Iñigo reste vive du côté de Bilbao. Koikili Lertxundi, ex-joueur du club de 2007 à 2012, très impliqué dans le soutien aux proches d’Iñigo Cabacas – il avait rédigé une lettre ouverte peu après l’assassinat – s’est adressé via Twitter à Fina et Manu : « Ils vous ont tous pris, alors le moins qu’il nous reste à faire est de vous donner toute notre affection, notre chaleur et notre solidarité. Nous continuerons de réclamer Justice ! »

De son côté, le club s’est aussi fendu d’un tweet illustrant bien l’ascenseur émotionnel de ce jour du 5 avril qui vit l’Athletic Bilbao de Marcelo Bielsa se qualifier pour les 1/2 finale de l’Europa League, aux dépends de Schalke 04. « Un tournant historique dont on se souvient aussi avec tristesse. Repose en paix Iñigo Cabacas ». Buteur lors de ce match, l’attaquant Ibai Gomez, qui est resté marqué par ce drame, a lui aussi publié un message : «Toutes ces soirées européennes ne furent pas heureuses. On ne t’oublie pas Iñigo ! »

Même son de cloche chez les supporters de la Iñigo Cabacas Herri Harmaila, la tribune populaire qui a pris son nom (par ailleurs très engagée dans la collecte d’argent pour aider matériellement les personnels soignants qui luttent contre le Covid-19). « C’était un jour de victoire, nous venions de nous qualifier pour les ½ finale de l’Europa League. Mais quelqu’un a décidé que ce n’était ni le moment, ni le lieu. IÑIGO CABACAS GOGOAN! »

Sur les réseaux sociaux, plusieurs messages en hommage sont aussi venus de supporters adverses : les Bukaneros 92 (Rayo Vallecano), les Celta Vigo Hooligans (Celta Vigo), le Frente Blanquiazul (Tenerife) ou encore les Brigadas Amarillas (Cadiz).

Pour ce 5 avril, en cette période si particulière, les proches d’Iñigo avait appelé celles et ceux qui en avaient les moyens, à projeter son image depuis leur balcon. Certaines étaient accompagnées du mot “Justicia”. Huit ans après, cette revendication n’a toujours pas été entendue. En 2018, un seul des policiers impliqués à été condamné à deux ans de prison (sans mandat de dépôt). Un verdict jugé beaucoup trop insuffisant par la famille d’Iñigo qui a fait appel et qui est en attente des suites. Toujours avec cette même exigence que « ceux qui ont fait ça, le payent ». Un combat qui semble vain, même s’il aide sûrement à tenir des parents à qui a été enlevé ce qu’ils avaient de plus cher.

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