Le 26 novembre dernier, de nouvelles mesures répressives dirigées contre les supporters sont entrées en vigueur au Brésil. De nouveaux délits ont été créés, comme “l’envahissement du terrain d’entraînement”, et les peines en cas de condamnation ont été alourdies. La guerre entre les torcidas du pays et le président pro-fasciste est loin d’être finie.
Contrairement à de nombreux footballeurs professionnels brésiliens, les supporters n’ont pas beaucoup affiché leur soutien à Bolsonaro lors de la dernière campagne présidentielle. Avec ses mesures fiscales favorables aux plus riches et son programme ultra-sécuritaire, ce fut même plutôt l’inverse. La récente loi anti-supporters provient d’une proposition de l’ancien député André Moura du Parti Social-Chrétien, ancien parti de Bolsonaro. Elle avait été approuvée par le parlement en 2016. Signée par Bolsonaro et son ministre de la justice Sergio Moro, la loi 13.912/19 durcit l’Estatuto do Torcedor, qui encadre depuis 2003 le statut du supporter. Elle s’inscrit dans la lignée de la politique de persécution des exploités depuis l’arrivée au pouvoir de ce gouvernement d’extrême-droite.
Jusqu’à 5 ans d’interdiction de stade
Comme un peu partout sur la planète, au Brésil le pouvoir renforce aussi son arsenal répressif contre les supporters. En prétendant s’attaquer “à la violence des supporters organisés”, la loi récemment promulguée traduit la volonté du gouvernement brésilien de faire la guerre aux torcidas à qui il promet des sanctions collectives beaucoup plus lourdes. Les groupes accusés de participer aux émeutes ou de promouvoir les violences contre les joueurs, les dirigeants, les arbitres, les officiels ou les journalistes lors d’un événement sportif, pourront se voir interdire de stade pendant 5 ans, contre 3 ans jusqu’ici. Les sanctions valent aussi si ces “violences” sont commises dans la rue, en dehors des stades et des matchs. En paralèlle, Bolsonaro entend renforcer le fichage des supporters. Et certains disent déjà penser à la reconnaissance faciale pour tenir à l’écart des stades ces supporters “indésirables” ou “violents”.
La répression des supporters va souvent de paire avec la répression des exploités. Thatcher dans les années 80, après avoir écrasé les grèves ouvrières, avait déclaré la guerre aux hooligans. S’en est suivi une vaste restructuration du football britannique qui a aboutit à l’époque à l’éviction des supporters les plus pauvres hors des stades. Aujourd’hui, au Brésil, un certain nombre de supporters ne sont pas dupes et appellent, derrière le slogan “Pas de guerre entre les torcidas, pas de paix entre les classes!“, à ne pas se laisser diviser par les attaques de Bolsonaro. La meilleure réponse aux lois répressives reste la lutte sociale.
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