Lors de la récente Assemblée Générale de l’Association Nationale des Supporters (ANS) – la première depuis le début de la crise sanitaire – le traitement sécuritaire qui vise les tribunes en France était au cœur des débats. L’ANS déplore une véritable régression.
“Nous voilà donc revenus en 2015“. Le communiqué diffusé par l’ANS ce mercredi 6 avril fait état d’un certain dépit. Il faut dire que le collectif a jusqu’ici beaucoup misé sur une stratégie de dialogue avec les instances pour faire avancer la cause des supporters et défendre leurs fragiles droits. Cette saison voyait le retour dans les stades après plus an de huis clos ou de jauges drastiques était scruté. Il aura fallu quelques débordements – finalement marginaux – sur-médiatisés à souhait, pour hystériser le débat et multiplier les appels à la surenchère répressive contre les ultras.
“La multiplication des restrictions de déplacements depuis la saison 2021/22 nous ramène en tout point à la saison 2015/16, marquée par la résurgence du risque terroriste et les atermoiements des pouvoirs publics dans la préparation de l’EURO 2016.” Non seulement rien a changé pour les supporters, mais le travail réalisé par l’ANS semble à avoir été réduit à néant ces derniers mois. Ces restrictions et interdictions de stade hebdomadaires ne tiennent compte d’aucune des minces avancées obtenues par l’ANS dans le cadre de sa participation à l’Instance Nationale du Supportérisme (INS).
Dialogue rompu
Alors que la circulaire de novembre 2019, censée limiter les interdictions de déplacement, est allégrement piétinée par les préfectures, la commission de discipline de la LFP est elle aussi en roue libre, abusant des fermetures de tribune et de parcage. Les protestations des supporters contre ces sanctions collectives n’ont trouvé aucune écoute réelle. Pire, la reprise en main par le ministère de l’Intérieur de la question des supporters, en plus d’avoir mis sur la touche l’INS, a labouré le terrain à un énième durcissement de la répression individuelle. Plusieurs pistes sécuritaires ont alors été avancées pour les mois à venir: tourniquets de pleine hauteur, billetterie nominative etc.
En attendant, l’arsenal répressif à disposition était jugé sous-utilisé et les clubs étaient appelés à se servir pleinement des possibilités offertes par la Loi Larrivé de 2016. La direction du RC Lens ne s’est pas priée, délivrant des interdictions commerciales de stade, doublées de convocations judiciaires, contre de nombreux supporters Sang et Or, après le derby face à Lille.
Faisant le constat que la voie du dialogue – à l’initiative du gouvernement – semble bouchée, l’ANS dit étudier “la meilleure réponse à apporter“. Toujours est-il qu’elle appelle “l’ensemble des groupes de supporters français à la mobilisation contre cette spirale sécuritaire et disciplinaire, et pour le respect de nos droits.” Face au mépris, la meilleure des réponses reste la lutte collective.
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