La FASFE rejette le plan de reprise des championnats en Espagne et appelle à « refonder le football »

Par la voix d’un communiqué, la Federación de Accionistas y Socios del Fútbol Español (FASFE) a réagi au plan de reprise du football professionnel en quatre étapes, publié par la Ligue espagnole : reprise des entraînements individuels le 4 mai, reprise des entraînements en « petits groupes » le 18 mai, retour à une situation « normale » d’entraînement le 1er juin et reprise du championnat le 7 ou le 14 juin. Reprise à huis clos, ça semble devenu une évidence pour les dirigeants.

La FASFE, fédération regroupant des socios et des “petits” actionnaires minoritaires de divers clubs espagnols qui défend une « démocratisation » du football, via notamment le développement de l’actionnariat populaire. L’organisation unit donc sa voix à celles des supporters qui, en France ou en Allemagne, se sont opposés à cette reprise jugée prématurée et surtout uniquement motivée par des impératifs économiques. Le communiqué de la la FASFE va pleinement dans ce sens et appelle, comme ses homologues à repenser le football.

« Nous sommes persuadés que le football – quelque chose de très important dans nos vies – ne devrait pas vivre dans une bulle en-dehors de la société dans laquelle il évolue et obéir à des intérêts extérieurs voire même opposés. Le football fait partie de la société et de nos vies et il doit être régi en prenant ça en compte.

Dans un contexte comme celui que nous vivons, nous considérons que tout projet visant à relancer la compétition en exposant les participants à la maladie, en puisant dans les ressources médicales indispensables dans d’autres secteurs – comme pour les professionnels de la santé – et en éradiquant la composante sociale du football via l’organisation de matches alors qu’il est impossible d’avoir des supporters dans les tribunes, ne peut aller de soi que pour les dirigeants d’un football malade, avec pris dans des délires d’autosuffisance et sans prendre un instant en compte que le football fait partie d’une société qui souffre en ce moment. »

La raison économique invoquée pour la reprise précipitée du football ne tient, selon nous, pas la route. Il y a des secteurs beaucoup plus significatifs pour l’économie du pays, le tourisme par exemple, qui sont à l’arrêt pour des raisons de santé et dont personne de sensé ne penserait à faire redémarrer l’activité. Cette raison économique ne convient en rien avec la bonne santé financière des clubs dont la Ligue elle-même s’est vantée ces dernières années. Nous ne pouvons croire que cette santé soit si bonne si elle ne peut pas se permettre quelques mois d’arrêt dans cette période de grave crise sanitaire.

C’est précisément dans les catégories inférieures à celles gérées par LaLiga – dans lesquelles la question de la reprise de la compétition ne se pose pas, justement en raison de l’absence d’intérêts extérieurs – qu’il existe de graves problèmes financiers manifestant les déséquilibres qu’implique le modèle commercial non-durable préconisé par LaLiga. Un modèle commercial qui concentre au niveau professionnel d’énormes ressources entre les mains de très peu d’entités et de personnes, et sans que ces énormes ressources n’améliore la santé financière de l’ensemble de la pyramide de notre football.

Nous comprenons, vu l’attitude de LaLiga, que c’est ce modèle qui est menacé par l’arrêt des compétitions. Un modèle qui ne fonctionne que pour la super-élite et qui, pour survivre, ne peut se permettre de s’arrêter, même pour seulement quelques mois, y compris lorsque la raison et la décence l’exigent.

En tant que supporters organisés, nous demandons aux dirigeants du football, aux autres groupes impliqués dans notre sport et aux autorités compétentes, si réellement ce modèle de football étranger à la société et à la vie est celui que nous voulons. Pour nous, la réponse est claire : nous n’en voulons pas.

Nous pensons qu’une opportunité nous est offerte et nous devons profiter de ce moment critique pour nous arrêter et réfléchir. Il est temps, de la même manière que pour de nombreuses autres facettes de la vie, de repenser le football en tant que partie intégrante de la vie sociale de nos communautés.

Pour ces raisons, nous, les supporters, appelons tous les autres acteurs impliqués dans notre sport à rétablir le football sur des bases saines. La vie et la santé sont plus importantes que le football et les communautés qui entourent notre sport sont plus importantes que les entreprises créées autour de celui-ci. N’oublions pas quelles devraient être les priorités et travaillons tous ensemble pour rendre le football plus démocratique et plus durable.

Nous lançons cet appel forts de la légitimité de ceux qui ont fondé nos clubs et qui, de génération en génération, en les approvisionnant financièrement, émotionnellement et bénévolement, les ont fait grandir pour en faire ce qu’ils sont aujourd’hui. Nous sommes convaincus que le changement viendra de la participation de tous, y compris des fans, et que le nouveau football devra toujours tenir compte de tous les collectifs qui s’y impliquent.

Nous croyons fermement que ce football que nous devons refonder doit être compatible avec la vie de ses communautés, doit être viable à tous les niveaux, doit suivre le rythme de la société au sein de laquelle il évolue, doit pouvoir s’y fondre et l’inspirer, doit pouvoir s’arrêter et repartir au rythme de nos vies sans avoir à laisser à des gens antisociaux et pervers le soin de faire des profits qui les jettent dans l’inhumanité. En bref, nous voulons un ballon de football pour toutes celles et tous ceux qui l’aiment. On nous donne une autre chance, faisons les choses bien cette fois-ci. »

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Dossier “Football sous Covid”

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