Ce samedi 17 août, à Thermi dans la région de Thessaloniki avaient lieu les funérailles de Nikos, alias « Cook », un supporter historique des jaunes et noirs de l’Aris. Les Super 3, ses camarades de tribune, lui ont rendu un hommage à la hauteur de l’amour qu’il vouait à son club, alors que d’autres marques sont venues de tout le pays, et même d’Europe.
Dans les rangs ultras, on le savait malade. Arrivé mercredi soir à l’hôpital dans un état critique, « Cook » n’aurait eu qu’une seule requête auprès du corps médical : qu’il le laisse se rendre au stade le lendemain pour le match de Coupe d’Europe. Goûter encore à l’atmosphère d’Harilaou, nom historique du stade avant d’être renommé Kleánthis-Vikelídis. Son jardin. Ce soir là, Aris recevait le club norvégien de Molde en match retour du 3e tour préliminaire d’Europa Ligue, avec un handicap de trois buts à remonter. Malheureusement, le jeudi matin il était tombé dans le coma. Il n’a pu voir les siens frôler l’exploit. Les jaunes et noirs ont remonté les trois buts, poussant Molde en prolongations avant de céder. Il mourra quelques heures plus tard. Il s’est accroché, comme pour lutter jusqu’au bout aux côtés des joueurs. Sa dégaine d’indien métaleux laissera un énorme vide.
« Cook » est une figure. Les médias grecs en parlent comme d’un fan légendaire. C’est par lui notamment que s’est noué le rapprochement entre les ultras de l’Aris et les barras bravas de Boca Juniors. Le club argentin et la bouillante Bombonera, sa seule « infidélité ». Plusieurs clichés le montre avec le maillot argentin ou celui de Boca sur le dos. Dans tout son amour pour l’Aris, il avait laissé une petite place pour Boca. Depuis l’annonce de sa mort, les Super 3 ont reçu plusieurs témoignages de sympathie venus d’autres groupes ultras du pays, notamment des voisins de la Gate 10 d’Iraklis, « troisième » club de Thessaloniki, qui ont aussi le cœur qui penche vers la gauche antifasciste. Mais aussi des Fentagin 1980 d’Atromitos, les Panthers 1983 de Paniόnios, les Antinazi Pas Giannena 2006, les Austrian Boys Volos Ultras Gate 1, ou encore les Red Boys Club 1996 du Paniliakos FC. Des groupes de supporters antifascistes pour la plupart, à l’image des valeurs des Super 3 et de « Cook ». Tous saluent son éthique dans ce monde du supporterisme grec trop souvent gangrené par le clientélisme ou les logiques mafieuses. Tous ces groupes ont aussi mis leurs propres couleurs de côté au moment de louer la passion pure de « Cook » pour son Aris, à en rendre jaloux d’autres clubs, diront en substance certains messages. Des mots, au delà de la compassion d’usage, qui transpirent l’immense respect qu’un grand nombre d’ultras ont pour lui.
Les groupes The Unity 2001 – Desperados 99 de Dortmund qui ont des liens d’amitié forts avec les fans d’Aris, comme les Green Angels 92 de Saint-Etienne, ont déployé des banderoles en grec rendant hommage à « Cook ». A Saint-Etienne, lors du match de L1 face à Brest, une banderole noire et jaune portant la simple mention « Koυκάρα RIP », avec un ostensible A cerclé anarchiste, est restée accrochée au bas du virage sud de Geoffroy-Guichard durant tout le match. Un écho au vibrant “Punks not dead!” qui ponctue le communiqué des Super 3 annonçant la mort de « Cook ».
Après un ultime passage par la porte 3 du stade Harilaou où il a écrit ses plus belles pages, plusieurs centaines de supporters ont suivi le cercueil de « Cook » pour l’accompagner dans son dernier voyage. Dans le même temps, de leur côté, les joueurs de l’Aris ont porté un brassard noir pour honorer sa mémoire lors du match amical à Evosmos, disputé le jour de ses funérailles face à l’Agrotikos Asteras. Ce qui est bien la moindre des choses. Nul doute que les Super 3 préparent un hommage digne des grands soirs pour le prochain match à Harilaou contre l’OFI Crête, le 25 août prochain.