Le joueur irlandais de Wigan va encore faire jaser dans les chaumières britanniques. Lors de la minute de silence organisée pour la mort de la Reine d’Angleterre, James McClean s’est désolidarisé du recueillement de ses coéquipiers. Un geste simple en pleine cohérence avec les positions politiques que le joueur a toujours assumées.
L’image pourrait presque passer inaperçue. Les vingt-deux acteurs du match Huddersfield Town – Wigan Athletic (10e journée de Championship) sont réunis autour du rond central pour rendre hommage à la Reine Elizabeth II, récemment décédée à l’âge de 96 ans. A l’exception d’un seul qui ne se tient pas bras dessus bras dessous comme ses coéquipiers et ses adversaires dans le camp d’en face. James McClean, tête baissée, a fait un pas de côté. Une manière discrète, mais manifeste, de se désolidariser de cet hommage protocolaire.
De la suite dans les idées républicaines
Un geste qui ne surprend pas quand on connaît les prises de position de James McClean qui a grandi à Creggan, un quartier populaire de Derry en Irlande du Nord. Ce qui met d’emblée une certaine distance avec la couronne d’Angleterre. C’est d’ailleurs pour ça que McClean est célèbre outre-Manche pour son refus d’arborer le “poppy”, ce fameux coquelicot que tous les joueurs qui évoluent en Angleterre sont censés porter – depuis 2010 – sur leur maillot lors du match ayant lieu autour du 11 novembre. Un hommage aux soldats britanniques morts pendant les combats de la première Guerre Mondiale, devenu un hommage à l’armée britannique tout court, que James McClean est un des seuls à boycotter.
Le joueur n’a jamais dévié de cette ligne qu’il avait développée en 2014 dans une lettre ouverte adressée au président du Wigan Athletic, lors de son premier passage chez les Latics. « Si le poppy concernait seulement les deux Guerres Mondiales, je le porterais sans problème. Mais il est utilisé pour commémorer les morts des autres guerres depuis 1945. Et c’est là le début du problème pour moi. Pour les gens originaires du Nord de l’Irlande comme moi, particulièrement de Derry, ville où eut lieu le massacre du Bloody Sunday en 1972, le poppy revêt une signification très différente. […] quand vous venez de Creggan comme moi, ou du Bogside, de Brandywell ou de la majorité des coins de Derry, tout le monde vit encore avec le douloureux souvenir de ce jour qui est l’un des plus sombres de l’histoire de l’Irlande – même quand, comme moi, vous êtes né vingt ans après. C’est juste une part de ce que nous sommes, enracinée en nous depuis la naissance ».
God Save McClean
Alors le voir se recueillir pour la Reine d’Angleterre aurait été plus surprenant qu’autre chose. James McClean est un partisan notoire de la cause républicaine irlandaise, l’emblématique Free Derry Corner tatoué sur la cuisse gauche. Il a par ailleurs fait le choix de porter le maillot de l’équipe nationale d’Eire plutôt que celui d’Irlande du Nord, rejetant les drapeaux unionistes des supporters. Il est donc habitué à subir les foudres des loyalistes sur les réseaux sociaux ou la moindre de ses publications à connotation politique déclenche une polémique. Comme lorsqu’il avait posté une photo de lui, cagoulé, en train de faire une “leçon d’histoire” pendant le confinement du printemps 2020.
Sous la pression, le club de Stoke City où il évoluait alors l’avait sanctionné d’une retenue équivalant à deux semaines de salaire. La manifestation symbolique de James McClean sur le terrain d’Huddersfield, est beaucoup moins isolée malgré l’unanimité apparente des hommages, largement amplifiée par les médias mainstream. Des slogans hostiles des supporters de Heart of Midlothian ou du “Lizzie’s in a box” chanté par ceux de Shamrock Rovers, les stades de foot sont loin d’avoir tous pleuré la mort de la monarque. Quant aux fans des Latics, ils n’ont pas insulté la reine mais ils ont scandé plusieurs chants à la gloire de leur numéro 11 à la fin du match.
O James McClean 🎶🎶🇮🇪🐐 pic.twitter.com/OSDkOWkjCE
— 🇮🇪☘️ (@GlennWhelanFan6) September 13, 2022
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