De nombreux athlètes iraniens et iraniennes ont pris part aux manifestations depuis le déclenchement du soulèvement populaire dirigé contre le régime iranien. Parmi eux, Amir Nasr-Azadani, ancien joueur professionnel dans les rangs du Tractor SC, risque aujourd’hui la peine de mort.
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La frilosité des joueurs de football est souvent pointée du doigt au moment de soutenir les mouvements de révolte. Pire dans certains pays, ils épousent même largement les positions de régimes autoritaires voire fascisants comme en Turquie ou au Brésil. Mais ces dernières années, certains n’ont pas hésité à faire voler en éclat cette neutralité. Fin 2019, un nombre considérable de joueurs chiliens – dont Arturo Vidal, Gary Medel ou Claudio Bravo – avait exprimé sa pleine solidarité avec la révolte sociale.
Footballeurs contre le régime
Depuis le début du soulèvement populaire, émaillé d’émeutes et de grèves ouvrières, qui a suivi la mort de Mahsa Amini entre les mains de la police religieuse, les footballeurs iraniens n’ont pas été avares en marques de soutien. Comme lorsque les joueurs de l’équipe nationale ont collectivement refusé de chanter l’hymne national avant leur match contre l’Angleterre lors du Mondial au Qatar. Un acte destiné aux nombreuses victimes de la répression meurtrière du régime des mollahs.
Dans le sillage de l’international Sardar Azmoun (Bayer Leverkusen), d’autres figures de la sélection, comme Vahid Amiri (Persépolis FC), ont réitéré publiquement leur solidarité vis à vis des familles endeuillées. Un soutien clair, aussi, aux dizaines de milliers de manifestants et manifestantes qui ont osé braver la répression pour exiger la fin de la République islamique. Certains joueurs payent durement leur engagement, comme Voria Ghafouri, international portant les couleurs de Foolad depuis cette saison, emprisonné fin novembre pour appeler le régime à cesser ses agressions contre les Kurdes.
Mais récemment, les nouvelles les plus inquiétantes concernent Amir Reza Nasr-Azadani. Âgé de 26 ans, cet ancien footballeur professionnel du Tractor SC (jusqu’en novembre 2017) a été arrêté à Ispahan. Selon le média Iran Wire, il ferait partie des trois personnes accusées d’avoir tué un colonel du Corps des gardiens de la République islamique et deux paramilitaires du Basij. Les médias officiels du régime ont diffusé leurs aveux forcés le 20 novembre dernier. Alors qu’Amir est accusé par le juge d’être membre d’un groupe armé, sa famille est convaincue qu’il s’agit d’un odieux montage policier.
Le football iranien lève la voix
La répression du régime se traduit par plusieurs condamnations à mort prononcées contre les personnes arrêtées. Il y a quelques jours, Mohsen Shekari, accusé d’avoir bloqué la circulation et blessé un militaire pendant le soulèvement, a été le premier manifestant a été exécuté. Quatre jours plus tard, l’exécution publique de Majidreza Rahnavard est venue confirmer la stratégie sanguinaire de l’État. A ce jour, Iran Wire estime à 28 le nombre de personnes condamnées ou qui encourent la peine de mort dans le cadre du soulèvement, souvent avec le chef d’inculpation féodal de “guerre contre Dieu”. Même si son procès n’ait pas encore eu lieu, Amir Nasr-Azadani risque la même chose.
La FIFPro, syndicat mondial des footballeurs, a fait part de son émotion et de son écœurement, tout comme les anciennes stars de la sélection iranienne Mehdi Mahdavikia et Ali Karimi qui ont appelé à “ne pas exécuter Amir“. La mobilisation du football iranien, demandant la suspension de la condamnation à mort, prend forme sur les réseaux sociaux. Iran Wire mentionne les messages de Masoud Shojaei (Nassaji Mazandaran FC) qui a publié sur son compte Instagram une photo de Nasr-Azadani ou encore celui de Mohammad Reza Akhbari, actuel capitaine et gardien de but du Tractor SC, qui a réclamé l’appui de ses collègues footballeurs.
Sont aussi cités Siamak Nemati (Persépolis FC), Farzin Grosian et Mohammed Tayebi (Sanat Naft FC), Mohammedreza Mehdizadeh et Milad Zanidpour, (ex-joueurs du Sepahan SC), Mehdi Kiani (Tractor SC), Iman Salim (Mes Rafsanjan FC), Mohammed Nosrati, Mohammed Iranpourian, Mehrdad Poladi et Reza Nowrozi pour avoir pris position et demandé la suspension de la condamnation à mort. La mobilisation pour empêcher son exécution, et celle de toutes les personnes condamnées, doit encore absolument prendre de l’ampleur au niveau international.
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