Quelques jours avant la chute du régime dictatorial de l’Estado Novo, deux des équipes les plus populaires de São Paulo organisaient un match amical au bénéfice du Mouvement Unitaire des Travailleurs (MUT), et apportaient leur contribution à l’élan démocratique en train de gagner le pays.
La coupure de presse du Diario Popular datée du 11 octobre 1945, ressortie du grenier par le compte Palmeiras Antifascista, montre tout l’intérêt du derby paulista qui, bien qu’amical, s’annonce deux jours plus tard au Stade du Pacaembu. Plus qu’une question de rivalité, c’est un derby placé sous le signe de l’unité dans un moment charnière de l’histoire du Brésil.
Le but du match est clair: récolter des fonds pour le MUT, une organisation intersyndicale créée en avril 1945 dans le sillage du Parti Communiste Brésilien (PCB), dans le but de regrouper les travailleurs et travailleuses dans une organisation unique face au corporatisme imposé par le régime anti-communiste. Clodô et Hércules sont mis à l’honneur par journal comme un match dans le match entre le gardien de but remplaçant de Palmeiras (le titulaire habituel étant Oberdan) et l’attaquant vedette de Corinthians.
Pour la démocratie et les droits des travailleurs
Le Championnat Paulista vient de se terminer. Corinthians et Palmeiras ont terminé respectivement 2e et 3e, derrière le FC São Paulo. Cette opposition est considérée comme l’un des matchs les plus chauds du Brésil, et ce depuis les années 20. La rivalité entre les deux clubs a sa propre légende et a été façonnée par des épisodes cultes comme le “casso do osso” ou la “ceinture de Neco” comme le raconte le site Garra Football.
Palmeiras Antifascista rapporte que le match amical joué ce 13 octobre a été considéré par la presse de l’époque comme le meilleur derby de l’année 1945. Il s’est conclu sur une victoire 3-1 de Palmeiras avec des buts de Waldemar Fiume, Lima IV et du milieu uruguayen Segundo Villadóniga, contre un but de Servílio, l’homme aux 200 buts sous le maillot du Timão.
Mais l’enjeu de ce derby particulier était ailleurs. Les deux clubs et leurs joueurs ont, ce jour-là, apporté leur contribution à la défense de la démocratie et des droits des travailleurs. Quant au MUT, il fera place dès 1946 à la Confédération des Travailleurs du Brésil (CTB) qui sera interdite par décret présidentiel dès 1947.
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