“Au classement de la délation, RC Lens champion!” Banderoles de protestation à Bollaert

A l’occasion de la réception de Troyes au Stade Bollaert (13e journée de L1), les ultras lensois ont déployé plusieurs banderoles pour protester contre la répression qui vise leurs membres depuis quelques semaines.

Sur le terrain, les joueurs de Franck Haise proposent probablement un des plus beaux football du moment en championnat. Temporairement 2e après la démonstration (4-0) face à des Troyens dominés dans tous les compartiments du jeu, on aurait pu penser que l’ambiance au RC Lens soit, à tous les niveaux, au beau fixe. Mais pas tout à fait. Vu le nombre de banderoles sorties lors de ce match de ce vendredi 5 novembre, il est certain que les ultras lensois avaient des messages à passer aux dirigeants du club Sang et Or.

“Racing Club de Ba Lens”

Une des particularités du Stade Bollaert, c’est que les ultras ne sont pas derrière les buts mais en plein centre de la Marek, tribune latérale. Alors que dans n’importe quel virage ou parcage, ces banderoles auraient été savamment invisibilisées par le diffuseur, à Lens c’est quasiment impossible autrement qu’en supprimant les plans larges. Les téléspectateurs ont alors eu parfaitement le temps de prendre connaissance de ces banderoles, même si les commentateurs de Prime Vidéo ont réussi l’exploit, pendant plus de 90 minutes, de faire comme si elles n’existaient pas.

Outre une bâche aux couleurs du club “Racing Club de BaLens” qui a fait sensation, la plupart des banderoles visaient la direction et son implication dans la répression qui frappe de nombreux ultras. “Au classement de la délation, RC Lens champion!” ou encore “Combien font 2 fumigènes + 1 plainte contre le supporter?” réponse sur une autre banderole: “5 mois ferme et 1 an d’IDS… merci Racing!”

Représailles de l’envahissement du terrain… mais pas que

Ces banderoles ne sont évidemment pas gratuites. Alors que sur le plan sportif le RC Lens est à la fête, si les ultras en ont après leur direction, c’est qu’il y a des raisons. Petit rappel des faits: lors du derby face au LOSC le 18 septembre dernier, plusieurs dizaines de supporters lensois avaient pénétré sur la pelouse à la mi-temps pour aller en découdre avec le parcage lillois – au passage rempli de nazillons dont certains ont répété leur salut préféré – en réponse à ses multiples provocations. Après quoi la direction du Racing Club de Lens a décidé de prendre des sanctions comme ses propres supporters.

Dans un contexte alors marqué par les appels répétés de certains médias mainstream à durcir le ton, le RC Lens annonçait dans un premier temps, par la voix de son directeur général, Arnaud Pouille, avoir lancé des procédures d’interdiction de stade allant de 9 à 36 mois – comme les y autorise la Loi Larrivé de 2016 (en suspendant les abonnements par exemple) – contre 17 supporters du club Sang et Or qui avaient été identifiés parmi ceux rentrés sur la pelouse. Fin octobre, selon La Voix du Nord, le nombre était même monté à 116 supporters identifiés. Le parquet de Béthune a en effet ouvert une enquête suite aux incidents du derby, notamment pour cette histoire d’envahissement du terrain, et travaille d’arrache-pied à débusquer ceux qui auraient foulé le gazon sacré de Bollaert. Aux dernières nouvelles, 42 supporters lensois auraient déjà reçu une convocation au tribunal.

Double peine

Et pour que ce tableau répressif soit complet, quelques jours après le derby, un supporter Sang et Or était condamné à 5 mois de prison ferme et un an d’interdiction de stade (IDS) pour avoir allumé des fumigènes lors du déplacement à Rennes (le 8 août) et lors de la réception de Saint-Etienne (le 15 août). Bienvenue au pays de la disproportion! Les mots du procureur, retranscrits par les médias, ne laissent planer aucun doute sur la détermination des autorités à réprimer sévèrement les tribunes populaires, même pour de banals fumigènes: « La sanction doit être double. L’emprisonnement ferme est la seule solution. Et il faut prononcer la “peine de mort du supporter” une interdiction de stade d’une durée significative

Pour ne pas finir sur ces sinistres paroles, dernier mot aux ultras lensois et à leur festival de banderoles acides, caractéristiques de la rhétorique des tribunes: “Saluts nazis à Lille, Gestapo à Lens, le Nord-Pas-de-Calais est-il toujours occupé ?”. Dans le combat pour la liberté des ultras, les Lensois font de la résistance.

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