Finale de Coupe de France: Les grilles de la honte

Nantais et Toulousains sont attendus ce samedi 29 avril au Stade de France pour la finale de la Coupe de France dans un contexte social incandescent et un climat de grande défiance envers le gouvernement. Le dispositif sécuritaire mis en place relève du délire.

Les photos qui ont circulé dans les médias et sur les réseaux sociaux ont déjà provoqué l’émoi d’un grand nombre de gens. Devant un des virages vides, on y voit ces grilles surmontée de piques. Si, sans public, l’image a choqué, imaginons un instant que des supporters vont prendre place derrière. Après s’être ridiculisées aux yeux du monde suite au fiasco de la finale de la Ligue des Champions 2022, les autorités françaises ne tirent visiblement aucun enseignement de leur approche archaïque du supportérisme auquel elles n’ont jamais su répondre autrement que par une répression débridée.

Ces grilles d’un autre âge en sont l’illustration parfaite. La préfecture de police de Paris assume pleinement avoir imposé ce dispositif à la Fédération Française de Football, organisatrice de la compétition. Officiellement, il s’agit d’une réponse au risque d’envahissement du terrain. Or, tout le monde sait le danger que de telles grilles représentent pour les supporters emprisonnés derrière. Le drame d’Hillsborough en 1989 avait fini par conduire le pouvoir anglais à les retirer des stades. Certains évoquent aussi les images du public qui s’était réfugié sur la pelouse du Stade de France au moment des attentats de 2015. De telles grilles les en auraient empêcher.

Elles ne sont toutefois pas une première au Stade de France et avaient, selon L’équipe, été utilisées lors de la finale OM-PSG de 2016. Mais ce coup-ci elles accompagnent un dispositif sécuritaire inédit. Ce sont ainsi 3000 policiers et gendarmes qui seront déployés autour de l’enceinte. Du côté des communicants de l’Intérieur on laisse entendre que «très visibles, partout autour du stade », comme le relaye Le Parisien. C’est près du triple des forces de l’ordre mobilisées lors de la finale de l’année dernière entre Nantes et Nice.

Mais que serait ce quadrillage policier sans ces drones qui vont survoler la zone du Stade de France? Leur utilisation est une première depuis le passage de la loi sur la responsabilité pénale et la sécurité intérieure adoptée en décembre dernier, et aura valeur de test en vue des JO Paris 2024. Le décret sur l’usage des drones policiers vient à peine d’être publié le 20 avril dernier. Cette “police du ciel” va donc être expérimentée sur les tribunes. Laboratoire de la répression quand tu nous tiens. Les services de renseignement ont également alerté sur le risque de perturbation de la diffusion du match à la télévision en raison de possibles débrayages des techniciens de l’audiovisuel ou d’actions d’agents EDF mobilisés.

A l’approche de cette finale, difficile de faire abstraction du contexte social. La présence annoncée du président au Stade de France tient pour l’essentiel des moyens disproportionnés déployés, tant la haine populaire que ce gouvernement génère est profonde. Une grande partie de la population ne pardonne pas les multiples attaques dirigées contre les exploités du pays. Dernière en date, la réforme repoussant de deux ans l’âge de départ à la retraite, passée à grands coups de mensonges, de matraques et de grenades offensives. Le régime a peur que la finale de la Coupe de France permette au public de se défouler contre celui qui piétine leurs conditions de vie.

Un accueil à la hauteur de ce mépris bourgeois est en effet promis au chef de l’état. Et tout sera fait pour en atténuer les effets. Quand bien même cet accueil prévoit de se limiter à des sifflets et huées nourries – éventuellement quelques insultes méritées – le dispositif sécuritaire vire à l’hystérie. Le rassemblement de l’intersyndicale qui avait prévu de distribuer plusieurs milliers de sifflets et de cartons rouges a été interdit par arrêté préfectoral. La sécurité rapprochée du président a également revu le protocole lourdingue du passage en revue des effectifs des deux équipes finalistes. Petite victoire, Macron ne devrait donc pas apparaître sur le terrain. Ni au début donc, ni lors de la remise du trophée qui aura lieu en tribune.

Plus rien ne nous surprend. Et en même temps, tout ça n’est que l’expression d’un régime en panique.

Édito n°61

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