France-Maroc: l’extrême-droite s’était donnée rendez-vous

Heurts provoqués par l'extrême-droite sur la place de la Comédie à Montpellier (©Nicolas Zaugra / Capture d'écran via HuffingtonPost)

Alors qu’au Stade Al-Bayt de Doha, l’équipe de France mettait fin au rêve de la sélection marocaine, dans plusieurs villes hexagonales des groupuscules d’extrême-droite ont voulu s’en prendre aux supporters marocains et faire dégénérer une ambiance plutôt fraternelle et bon enfant.

De façon assez prévisible, la demi-finale de Coupe du Monde entre la France et le Maroc a été le théâtre des fantasmes identitaires et civilisationnels de l’extrême-droite française, en partie nourrie du mythe raciste et complotiste du “grand remplacement”. Entre déclarations parlant de “guerre civile” et prophéties apocalyptiques, certains dirigeants n’ont pas ménagé leurs efforts pour créer un climat de peur et faire monter la sauce sécuritaire autour de ce match.

Ce travail de sape mené au niveau médiatique s’est en partie traduit dans la rue. Une note des “renseignements intérieurs” faisait état de la menace de groupuscules d’extrême-droite radicale sur les rassemblements de supporters marocains. C’est ainsi que l’intention des hooligans néo-nazis du groupe “Strasbourg Offender” de “patrouiller” en ville dans l’optique de “rétablir un ordre qu’ils estiment mal tenu par les forces de sécurité intérieure” était soulignée par Europe 1.

Paris, Lyon, Nice et Montpellier

Bastion des milices ultra-nationalistes et identitaires, Lyon a vu le même genre de provocation avec des groupes d’individus cagoulés préparés pour en découdre avec des supporters du Maroc.Le média Lyon Mag évoque une “expédition punitive” et rapporte comme slogan vociféré par les nervis, le classique “Bleu Blanc Rouge, la France aux français”. Même type de scènes et slogans racistes à Nice, autre ville où l’extrême-droite identitaire prospère.

Au même moment à Montpellier, quelques dizaines de fascistes locaux faisaient irruption sur la place de la Comédie, où l’ambiance était fraternelle et bon enfant, aux cris de “On est chez nous”, déclenchant des heurts spectaculaires à coups de jets de fumigènes. Divers médias annoncent également l’arrestation d’une quarantaine de militants de cette mouvance, équipés et armés, projetant de se livrer à des violences. Parmi eux des membres des Zouaves Paris. Le bilan policier de la soirée recense environ 250 interpellations sur l’ensemble du territoire, dont plusieurs dizaines liées à l’extrême-droite.

Un coup d’éclat à ne pas prendre à la légère

Indépendamment du patriotisme festif qui accompagne généralement les parcours des Bleus en compétition, le football hexagonal est loin d’être épargné par l’extrême-droite radicale. Le réseau Ouest Casual, où sont relayées et revendiquées les exactions des groupuscules ultra-nationalistes, matérialise le lien entre l’extrême-droite radicale et les groupes hooligans – généralement sous l’étiquette “indép” – qui ont droit de cité dans une douzaine de tribunes de l’Hexagone, dont Lyon, Strasbourg ou Nice. Un terreau suffisamment structuré pour avoir une force de frappe.

Même isolées et groupusculaires, ces expéditions punitives planifiées ne doivent pas être prises à la légère. Si elles se sont limitées à des villes où l’implantation de cette extrême-droite radicale est connue, souvent à la faveur de la relative bienveillance des autorités locales à son égard, elles rappellent l’enjeu de ne pas lui concéder un centimètre de rue, comme de stade.

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