En Espagne, la reprise de la Liga depuis le 10 juin dernier est loin d’être un long fleuve tranquille et unanime. La plupart des ultras du pays sont depuis de longues semaines opposés à cette reprise à huis clos dont ils dénoncent la seule motivation économique. Dans un petit clip, les Iraultza 1921 du Deportivo Alavés tournent en dérision la cupidité des instances du football espagnol.
Si on devait trouver du positif dans l’interruption des compétitions en raison de la crise sanitaire liée au coronavirus, c’est bien la résonnance que la critique du football moderne y a trouvé. Celle-ci s’est répandue et rencontrent un échos qui dépasse aujourd’hui les groupes et associations qui la portait traditionnellement. Les jours du football business ou marchand sont comptés. Même si une transformation sociale du football ne pourra probablement advenir qu’en lien avec un changement radical de société, il nous faut saluer l’activité sans relâche des groupes ultras ou collectifs de supporters, à travers l’Europe.
« Ce n’est pas du football, c’est La Liga. »
Ils n’ont cessé de pointer – dans la continuité de leur combat historique pour un football populaire – l’indécence des dirigeants et des instances durant la pandémie. En Espagne, de nombreux groupes ont popularisé leur position hostile à cette reprise à huis clos via de nombreuses banderoles accrochées aux abords des stades portant la même inscription: “NO VU€LV€ €L FUTBOL, VU€LV€ VU€STRO N€GOCIO” (“Ce n’est pas le football qui reprend, c’est votre business”).
Dès la fin du mois d’avril, plusieurs groupes avaient déjà dénoncé les travers marchands de cette reprise pour laquelle le président de la Liga, Javier Tebas et l’ensemble des dirigeants ont oeuvré avec ardeur. Dans un communiqué, les Bukaneros 92 du Rayo Vallecano déclaraient « C’est pour tout ça qu’il est tant d’élever la voix, d’éviter ces dommages de plus. Parce qu’il n’existe pas de football sans supporters dans les tribunes… C’est autre chose. Ce n’est pas du football, c’est La Liga. »
Les braqueurs, ce sont Tebas et ses copains
Du côté de Vitoria au Pays-Basque, les ultras du Deportivo Alavès, déjà parmi les plus investis contre la programmation des matchs le lundi dans l’unique intérêt des difuseurs, a mis en ligne ce court clip de 47 secondes dénonçant le football marchand, intitulé La Liga de Papel. Une vidéo en forme de clin d’oeil à la Casa de Papel, série espagnole mondialement connue dans laquelle un groupe de braqueurs s’attaque à la Real Casa de la Moneda qui imprime les billets de banque. Ici, dans le clip des Iraultza 1921, les braqueurs sont beaucoup moins sociaux et sympathiques que dans la série d’Alex Pina. Ce sont Tebas et ses copains qui mettent la main sur le magot des diffuseurs.
Pour critiquer le football business et le fossé qui le sépare du peuple des tribunes, il n’y a pas forcément besoin de longs discours théoriques. Un clip, le détournement du logo de la Liga avec des billets de banque: la critique la plus directe est parfois la meilleure. En voici un exemple parmi beaucoup d’autres.
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