Le mépris conjoint des instances et des diffuseurs à l’égard des supporters et des passionnés ne connaît aucune trêve. Le décalage des matchs de Ligue 2 au vendredi soir pour la saison à venir est un énième doigt d’honneur des tenants du football marchand.
Après plusieurs mois d’incertitudes autour de l’identité du détenteur des droits de retransmission de la Ligue 1, les droits à la découpe ont finalement été attribués à DAZN; l’affiche du samedi soir revenant à BeIn Sports. Détentrice des droits la Ligue 2, la chaîne qatarienne – qui diffuse aussi la Liga, la Serie A et la Bundesliga dans l’Hexagone – a donc exigé que le multiplex soient décalé au vendredi soir pour ne pas faire concurrence à ses autres programmes.
Cette annonce, survenue à peine 15 jours avant le début du championnat, a provoqué une large levée de bouclier chez les supporters des clubs concernés, mais aussi chez une partie des dirigeants. Dans le football capitaliste, le diffuseur est roi. Le prix de ce privilège: les 40 millions mis par BeIn Sports pour acquérir les droits de retransmission des matchs. Une rentrée d’argent à laquelle une majorité des clubs de la division est dépendante.
La relation entre les clubs de football et les diffuseurs est un cas d’école de soumission. C’est la triste réalité des rapports de force dans le monde du football moderne. “Sacrifiés” par ces vils calculs, les clubs de L2 qui vont voir leurs recettes de billetterie, et leur campagne d’abonnement, impactées. Quant aux supporters, quitte à se répéter, beaucoup risquent d’être découragés par les difficultés d’arriver au stade à l’heure pour le coup d’envoi, et l’impossibilité d’organiser les déplacements sans prendre de congés.
Les matchs du vendredi, les supporters des clubs évoluant en National connaissent ce régime. Ils mènent campagne depuis plusieurs saisons que les matchs soient le samedi et permettre de meilleures affluences. Logique donc de retrouver le Red Star, promu cette saison en L2, dans la continuité de cette protestation. En match de préparation à Auxerre, les joueurs ont fait leur entrée sur le terrain avec des t-shirts où on pouvait lire le slogan “Le foot c’est le week-end”.
À leur entrée sur la pelouse avant leur match de préparation à Auxerre, les joueurs du Red Star arboraient le slogan “Le Foot c’est le week-end” sur leur t-shirt. Réponse à la volonté de BeInSport, de décaler la programmation de la #Ligue2 au vendredi soir pic.twitter.com/Uznfm62lYJ
— Dialectik Football (@DialectikF) August 3, 2024
De leur côté, les associations de supporters ont immédiatement rappelé leur opposition à la programmation des matchs le vendredi. L’Association Nationale des Supporters (ANS) a rapidement communiqué, évoquant une décision “rétrograde” et un retour “plus de 10 ans en arrière“. Elle dénonce le “manque de considération flagrant envers les supporters et l’ensemble des acteurs impliqués dans ce sport” de la part de BeIn Sports.
Des premières actions symboliques ont déjà eu lieu, à base de déploiements de banderoles devant les locaux de la chaîne à Boulogne-Billancourt, mais aussi dans les tribunes à l’occasion des matchs de préparation à l’exemple des ultras de Dunkerque, Laval, Caen ou Amiens. La Tribune Ouest Grenoble a publié une lettre ouverte où elle critique le silence de la direction du GF 38, et annonce être prête “à tout mettre en œuvre pour nuire directement à BeIn Sports et à la diffusion des matchs“.
Exaspérés, plus de vingt groupes ont également signé un communiqué commun où ils annoncent “une grève reconductible de toutes leurs activités d’animation en tribune, que ce soit à domicile ou à l’extérieur, de la première à la 90e minute.” Pour tous ces groupes, principaux garants de l’ambiance des stades de L2, “seul le retour de l’ensemble des matchs le week-end pourra ramener tout le monde à la raison“.
Florent Houzot, directeur des programme de BeIn Sports France, et à Vincent Labrune, président contesté de la LFP, ont donc quelques soucis à se faire. Face à la vision commerciale, élitiste et court-termiste des dirigeants, les stades et les parcages de Ligue 2 ne se laisseront pas vider sans résistance.
Leave a Reply