Aux JO l’exploitation est toujours médaille d’or

Les grandes fêtes culturelles ou sportives servent au maintien du pouvoir des classes dirigeantes depuis des millénaires. Depuis “du pain et des jeux”, ces grandes messes ont évolué mais pas leurs bases matérielles.

Article extrait du journal Le Seum n°11

L’analyse a déjà été faite maintes fois: ce spectacle a une utilité pour les dominants. Ne serait-ce que par le renforcement de l’idéologie nationaliste et par la diffusion de ce leurre que le capitalisme est avant tout une société de loisir.

De même, il est aujourd’hui bien connu qu’un événement comme les JO ou une coupe du monde est un enjeu économique évident tant pour les États eux-mêmes que pour les entreprises mobilisées pour l’événement (construction, tourisme, médias, produits dérivés, billetterie, etc).

La récente coupe du monde au Brésil est également venue rappeler que ces genres d’événements sont allègrement utilisés par les États pour accentuer la guerre sociale quotidienne qu’ils mènent contre les classes dites dangereuses.

Les habitants des différentes favelas du pays ont pu le vérifier: incursions militaires dans les quartiers, assassinats, enlèvements. Bref, répression contre tout ce qui viendrait gâcher un Brésil de carte postale que voulaient montrer au monde les capitalistes locaux.

Malheureusement pour les capitalistes et leur utopie, il arrive que ce mirage se heurte à cette réalité: sans nous, les exploités, aucun de leur rouage ne tourne. C’est ce que sont venus rappeler les centaines de sans papiers qui se sont mis en grève cet automne et ont lutté collectivement sur divers chantiers des JO en Île de France.

Cette grève est exemplaire a plus d’un titre et vient rappeler à tout le prolétariat d’ici et d’ailleurs que notre force collective est immense. Déjà, dans la pratique, les sans papiers ont cherché immédiatement l’extension du conflit. Ils n’ont pas cherché à limiter la lutte à l’intérieur d’une entreprise comme le propose trop souvent la stratégie syndicale.

Ils ont attaqués simultanément plusieurs secteurs et entreprises qui font leur beurre par leur exploitation (BTP, mais aussi livraison, logistique et boîtes d’intérim) avec lucidité: « Nous sommes éclatés, employés par des boîtes d’intérim, des sous-traitants, des filiales, autant de têtes de l’Hydre qui permettent aux patrons de nous exploiter », peut-on lire sur le communiqué des collectifs en lutte. Et ils rappellent que la grève est plus efficace lorsqu’elle est jointe à d’autres pratiques de lutte de notre classe.

Ainsi les piquets se transformaient souvent en blocage économique et en envahissement des entreprises concernées comme la centaine de travailleurs sans-papiers qui ont occupé le chantier de la future salle polyvalente Arena, située Porte de la Chapelle, le mardi 17 octobre de cette année ou l’occupation à Paris, d’une agence d’intérim de la société PFI.

Les sans papiers en lutte sont également venus rappeler que, contrairement aux apparences, plus l’enjeu économique et politique est important pour la classe capitaliste (cf leur magnifique banderole “les immigrés bloquent le grand Paris”), plus le rapport de force en notre faveur est conséquent. C’est notamment pour cela qu’ils ont obtenu assez rapidement des avancées, comme des documents administratifs importants (CERFA de preuve de leur travail) en vue de leur régularisation potentielle.

C’est un conseil stratégique qu’ils ont envoyé à toutes et tous: n’ayons pas peur d’attaquer des cibles trop grosses et encore moins de briser l’unité nationale voulue par les gouvernements. Plus l’enjeu économique est important plus notre lutte les contraint à céder car elle vient leur rappeler que nous sommes la source de toutes leurs richesses.

Partout aidons et soutenons activement les sans papiers pour l’extension de la lutte. Car le réflexe d’une solidarité de classe qui se diffuse à l’échelle de la société contre les divisions qui nous pourrissent la vie (nationalités, statuts) est une des peurs les plus évidentes de ceux qui détiennent le pouvoir politique et économique.

Force à tous ceux qui gâchent la fête. Créons des jeux olympiques de la grève contre la mise en concurrence des prolétaires à laquelle nous contraint le capitalisme… jusqu’à la révolution, la seule fraternisation internationale réelle!

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