Alors que le Valencia CF, fleuron footballistique de la région, vit des temps houleux et paye la gestion désatreuse de son équipe dirigeante, le CD Cuenca-Mestallistes isslance un projet d’actionnariat populaire. Dans le contexte actuel, c’est une véritable bouffée d’air pur. Avec la légende Mario Kempes comme président d’honneur, les valeurs historiques du valencianisme promettent de battre dans le coeur de ce club.
La plupart des clubs d’actionnariat populaire de la péninsule ibérique ont été fondés durant les années 2000 et même après 2010. Du côté du CD Cuenca-Mestallistes, ce modèle se met en place au sein d’un club qui existe depuis 1925. Un cas rare de club qui s’est dirigé vers le futbol popular. Tout en pesant la comparaison, la trajectoire du club valencien pourrait être rapprochée de celle de l’UC Ceares, fondé en 1946. Mais à la différence du club asturien qui évolue en Tercera, le CD Cuenca navigue depuis plusieurs saisons dans les eaux de la 2ª Regional, non loin des autres entités de la Comunidad Valenciana se revendiquant du football populaire: le CFP Orihuela et l’UD Aspense, tous deux en 1ª Regional Valenciana.
Hommage au Mestalla
Dans GolsMedia, le président David Laguía détaille les motivations du club né il y a 95 ans dans la rue Cuenca, avant d’être à l’origine de la création du club filial – l’équipe réserve – du Valencia CF en 1944, le CD Mestalla. Reprenant le mode de fonctionnement démocratique “Un socio, Une voix”, on pourrait résumer l’objectif principale en une ligne: “En partant d’en-bas, en étant très humble, restituer aux fans un petit bout de football“.
Comme souvent dans le football populaire en Espagne, le développement d’un club est le produit d’une histoire, parfois douloureuse avec le grand club historique local. Le CD Cuenca-Mestallistes n’entretient, pour l’instant, pas de liens concrets avec le Valencia CF du propriétaire Peter Lim et du président Anil Murthy. A la question de savoir si le club ambitionne un rapprochement, David Laguía dresse un constat lucide: « Valence fonctionne vraiment d’une manière différente, et nous ne voulons pas travailler comme ça, comme le font les grands clubs. Nous avons notre propre façon de faire les choses. Bien sûr, nous allons rendre hommage à l’histoire du Valencia CF parce que nous en faisons un peu partie. Surtout l’histoire du CD Mestalla. D’ailleurs, peu de gens savent que la réserve de Valencia était le CD Mestalla, avant de s’appeler Valencia B. Maintenant, c’est à nouveau Valencia Mestalla, mais beaucoup ne se souviennent pas de cette partie de l’histoire. De toute évidence, c’était un club différent, bien que ce soit leur équipe filiale. Nous voulons aussi nous en souvenir et lui rendre hommage. » Le nom du CD Cuenca-Mestallistes est déjà en soi un hommage au CD Mestalla.
Sur le plan sportif, David Laguía ne souhaite pas fixer d’objectifs chiffrés à court-terme. Bien sûr, l’objectif reste, comme pour toute équipe, de remporter un maximum de rencontre. Mais, se plait-il à répéter, ce sont les socios eux-mêmes qui détermineront le destin du club. « Si les socios sont suffisamment nombreux et qu’ils s’impliquent, alors il sera possible d’aspirer à rejoindre des niveaux plus élevés. » Le CD Cuenca-Mestallistes jouera au Camp de Malilla. Après avoir évolué dans des localités voisines comme Paterna, Sedavi ou Picassent, le club est donc de retour à Valence, là où il a ses racines. Bien qu’évoluant en Segunda Regional (soit le 7e échelon), le virage pris par le CD Cuenca-Mestallistes est à prendre très au sérieux.
Avec Kempes comme ambassadeur du refuge, rien que ça!
Un des éléments qui incitent à ne pas prendre à la rigolade ce qui se joue avec cette transformation du CD Cuenca, c’est l’annonce de nomination de Mario Kempes comme président d’honneur. La légende argentine est un soutien de poids. Avec sept saisons au Valencia CF entre 1976 et 1984, et pas moins de 246 matchs et 149 buts, il est devenu une figure du valencianisme et fervent opposant à Peter Lim, mais aussi au surpuissant agent de joueurs, Jorge Mendes qui a la mainmise sur l’effectif. Face àcette véritable crise institutionnelle, avec d’autres anciennes gloires du club che, comme Santi Canizares, Javier Subirats ou Roberto Ayala, il a soutenu la plateforme “Espiritu del 86” qui entend agréger les forces pour peser face la direction du club et sa gestion sportive et économique catastrophique. Une politique incarnée par le propriétaire Peter Lim qui se fait évidemment au détriment des fans du club, réduits au silence. Cette plateforme qui regroupe plusieurs signataires, dont l’acteur Enrique Arce, marque un début de résistance organisée pour redonner la parole aux fans du club.
Le développement de l’actionnariat populaire au CD Cuenca-Mestallistes incarne une autre voie, mais elle n’est pas contradictoire. D’ailleurs, les membres du club savent bien ce que le Valencia CF peut représenter aux yeux des Valenciens. Ils n’ont aucune intention folle de le concurrencer, ni de s’y substituer. Juste d’être un refuge pour celles et ceux dont les manigances de Peter Lim et sa clique ont eu raison.
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