Belgique: face au durcissement annoncé des sanctions pour usage de fumigènes, les ultras se serrent les coudes

Ultras Inferno | Standard de Liège (©Belgaimage)

Un avant-projet de loi a été déposé en vue de durcir la “Loi Football” en vigueur, sur la question de l’utilisation des fumigènes. Plusieurs groupes ultras unissent leurs voix contre cette augmentation du curseur répressif, déjà élevé.

Dans un communiqué de presse envoyé le 2 août dernier, la ministre de l’Intérieur belge, Annelies Verlinden, a annoncé la volonté gouvernementale de punir plus sévèrement les infractions liées à l’utilisation d’objets pyrotechniques dans et aux abords des stades de football. “Nous voulons briser l’illusion selon laquelle l’utilisation de matériel pyrotechnique symbolise l’ambiance dans les stades” a déclaré la ministre de l’Intérieur, invoquant un nécessaire changement de mentalité, sans oublier de mettre aussi sur la table l’argument de la dangerosité.

Nouveaux délits et sanctions plus dures

Dans cette croisade contre la pyrotechnie dans les tribunes, et donc contre une des façons d’animer les tribunes durant les matchs, le ministère marche main dans la main avec la Ligue Professionnelle et la Fédération. La ministre s’appuie sur des chiffres qui, selon elle, justifierait ce durcissement répressif: “le nombre de procédures administratives pour des infractions liées à l’utilisation d’objets pyrotechniques dans l’enceinte et aux alentours des stades de football est passé de 133 à 388 entre 2015 et 2019.” Ajoutant que malgré le contexte sanitaire et une majorité de matchs disputés à huis clos, il y en a 146 en 2020 et 39 pour le premier semestre de 2021.

L’avant-projet prévoit d’abord d’amplifier les sanctions minimales. La manipulation de feux de Bengale se verra punie de mille euros d’amende et d’une interdiction de stade de deux ans. L’utilisation d’autres types de matériaux pyrotechniques sera punie de cinq cents euros d’amende et d’un an d’interdiction de stade. Mais ça ne s’arrête pas là, de nouveaux délits seront créés. Tout ce qui aide à l’utilisation de la pyrotechnie sera aussi sanctionné: l’introduction illicite d’engins, ou encore la dissimulation des auteurs au moyen de banderoles. Enfin, l’avant-projet entend aussi élargir la période couvrant ces délits, pouvant aller jusqu’à 48 heures avant et 48h après le match, et étendre l’espace dans lequel ils s’appliquent aux entraînements, aux célébrations et aux déplacements du bus des joueurs.

Les groupes ultras montent au créneau

Côté tribunes, la réaction n’a pas tardé à se faire entendre. Selon Sébastien Louis, chercheur et historien spécialisé sur la contre-culture ultra, “la Loi football est déjà sévère et rien ne nécessite pour le moment une aggravation des peines, heureusement la réponse des groupes ultras de Belgique est unanime et conjointe, que ce soit en Flandre, en Wallonie, à Bruxelles, dans les petites divisions comme dans l’élite, ils sont unis pour rejeter cette nouvelle loi.”

C’est un front de vingt-quatre groupes de supporters qui a commencé à prendre forme à travers la signature d’un communiqué commun. Des ultras comme ceux du Standard de Liège, d’Anderlecht, du Club Bruges, de La Louvière, de Charleroi et de plusieurs autres clubs, ont décidé d’aller au-delà de leurs réalités “pour faire cause commune pour la défense des supporters.” Le communiqué représente un pas fait par les groupes signataires en direction d’Annelies Verlinden à qui ils demandent l’ouverture d’un dialogue afin de lui faire part de leurs propositions “pour encadrer ces actions pyrotechniques dans les meilleures conditions de sécurité“.

L’interdiction et la répression n’ont jamais empêché les fumigènes

Les différents groupes belges font aussi référence aux différents pays qui ont ouvert le dialogue avec des représentants de supporters à ce sujet. On peut penser à la France, où le rapport Houlié/Buffet préconise un compromis autour d’un usage encadré des fumigènes, mais souligner aussi que la réussite de ce dialogue reste relatif et que la répression demeure le langage favori des autorités et des instances. Une chose est certaine, l’interdiction et la répression n’ont jamais empêché l’usage des fumigènes dans les tribunes. Tout simplement parce qu’on parle d’un des éléments incontournables de leur animation par des ultras, prêts à braver la loi et les potentielles interdictions de stade.

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