Discrets jusqu’ici sur la question, plusieurs groupes ultras ont profité de cette ultime journée de championnat avant la coupure internationale pour manifester leur opposition au Mondial 2022. Une opposition timide numériquement mais qui a le mérite d’exister.
Alors qu’elles fleurissent dans les stades allemands, les banderoles hostiles au Mondial au Qatar, ou appelant au boycott, ont tardé à faire leur apparition dans les tribunes de l’Hexagone. Jusqu’ici, on se souvenait de la manifestation remarquée des ultras de Guingamp en avril dernier. Le Kop Rouge avait accueilli Gianni Infantino, en visite au Roudourou, avec une banderole “Boycott Qatar 2022”.
A l’époque, le président de la FIFA pouvait se dire qu’il s’agissait d’une action isolée. C’est aujourd’hui un peu moins le cas. Pour la 15e journée de championnat de Ligue 1 et de Ligue 2, la dernière avant le Mondial, plusieurs groupes ont tenu à marquer le coup devant cette compétition qui concentre tout le dégoût que peut provoquer le football moderne chez les passionnés.
Indians, Red Tigers, Magic Fans…
A l’occasion de la réception de Clermont, les caméras ne pouvaient pas louper les différentes banderoles sorties en Tribune Marek par les Red Tigers 94 (Lens), dont une appelant au boycott du Mondial, entre des messages contre la répression et les horaires “inadaptés”. Les ultras lensois ont été imité par les Red Kaos 94 (Grenoble) lors de la venue de Dijon au Stades des Alpes, et par les Indians Tolosa en déplacement à Rennes.
Un peu plus tôt dans l’après-midi, l’AS Saint-Etienne, mal en point en championnat, recevait Rodez au Stade Geoffroy-Guichard. Dans le Virage Nord, les Magic Fans 91 ont fait dans l’efficacité: “Trop de choses à dire, alors on va faire simple: Boycott Qatar 2022”. On imaginait mal l’ensemble des ultras être indifférents au contexte entourant le Mondial à venir. Quitte à faire le lien avec l’actualité des combats menés par les tribunes françaises contre la répression.
C’est un peu le parti pris par la Tribune Loire de Nantes qui, sans parler formellement de boycott, cible la complaisance de Noël Le Graët, président d’une FFF empêtrée dans les scandales, à l’égard du Mondial qatari. “Le Graët: tu vois pas le problème avec le Qatar 2022 ou les abus sexuels de la FFF, mais pour toi ceux qui allument des fumis sont des criminels… A la retraite vieux sénile!”.
Ultras auxerrois réprimés à Paris
Une intervention à rapprocher de celles des Gladatiors Nîmes 91 quelques semaines plus tôt, lors de la 12e journée de Ligue 2 face à Amiens. “Le Qatar est un cimetière, la FFF est un nid de gangsters et c’est le fumigène le bouc émissaire?”. Alors qu’au sommet des instances éclatent des scandales en tout genres, les dirigeants s’émeuvent plus de simples fumigènes que des 6500 ouvriers morts pour construire les stades du Mondial au Qatar.
A quelques jours du début de la compétition, certains n’aiment pas qu’on la critique de trop près. Au Parc des Princes, les ultras auxerrois en ont fait l’amer expérience. Selon l’avocat Pierre Barthélemy, plusieurs d’entre eux ont terminé en garde-à-vue et risquent des interdictions de stade après des échauffourées avec le service de sécurité parisien, particulièrement zélé et agressif. Leur banderole “Boycott Qatar 2022” avait une portée encore plus symbolique dans le fief du Paris Saint-Germain, propriété depuis 2011 de Qatar Sport Investments (QSI). C’était osé.
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En France depuis hier les banderoles se multiplient dans les tribunes populaires contre la coupe du monde de la honte. Comme le résument les Magic Fans: “Trop de choses à dire, alors on va faire simple: boycott Qatar 2022”.#BoycottQatar2022 #BoycottFIFA pic.twitter.com/zzJKdpnZUv
— Sébastien Louis (@louis_seba) November 13, 2022
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