“Le match le plus important se joue à Cádiz”. Le soutien des supporters à la Huelga del Metal

(©Marcos Moreno)

Depuis le 16 novembre, les ouvriers métallurgistes de la baie de Cádiz ont entamé une grève dure et illimitée, principalement pour obtenir l’indexation des salaires sur l’inflation. Alors que l’État cherche à mater la révolte, les grévistes ne fléchissent pas. Plusieurs groupes de supporters ont affiché leur solidarité. 

En Espagne, beaucoup de regards sont tournés vers Cádiz, tout au sud. Depuis huit jours, 20 000 métallurgistes sont en grève. Même si le gouvernement central a déjà dépêché sur place les blindés des Unités d’Intervention Policières (UIP), les grévistes tiennent bon. Occupations, barricades, affrontements avec les forces de l’ordre: la détermination affichée inquiète jusqu’aux syndicats qui voient la lutte risquer de leur échapper.

S’ils soutiennent officiellement le mouvement, il n’a pas fallu bien longtemps au secrétaire des Comisiones Obreras (CC.OO) pour se dissocier des blocages, des incendies ciblés et manifestations émeutières. Signe d’un mouvement qui tend à s’auto-organiser à la base et à faire sauter les verrous posés par les syndicats majoritaires qui mettent plus d’énergie à contenir les colères qu’à faire craquer le patronat.

La popularité de la grève, jusque dans les tribunes

Depuis plus d’une semaine, ce sont près de 95% des ouvriers du secteur qui ont arrêté le travail et décidé de bloquer ce qu’il reste de production et de circulation dans la zone industrielle de Cádiz, notamment les sites d’Airbus, Navantía ou encore Acerinox. Mais bien d’autres enseignes, sous-traitantes des grands groupes, sont impactées par cette grève qui surprend par sa son ampleur, sa radicalité et son autonomie.

Banderole des Bukaneros 92, accrochée à l’extérieur de l’Estadio Vallekas en solidarité à la grève des métallurgistes (©Twitter)

Les métallurgistes en grève illimitée, qui dénoncent la précarité et le mépris qu’ils subissent (recours massif à l’intérim, non-paiement des heures supplémentaires etc.), réclament une augmentation salariale conséquente, indexée sur l’inflation. Augmentation que le patronat refuse en bloc, d’où la multiplication des piquets de grève pour le faire céder.

Le mouvement des métallurgistes de Cádiz – qui ont ouvert une cagnotte de grève en ligne pour pouvoir tenir – a reçu de nombreuses marques de sympathie à travers le pays. Fidèles à leur tradition sociale et à leur ancrage dans les couches populaires, plusieurs groupes de supporters ont manifesté leur solidarité avec ce qu’on appelle de l’autre côté des Pyrénées la “Huelga del Metal”.

De Cádiz aux Baléares

Au premier rang de ces groupes, il est logique de retrouver les Brigadas Amarillas du Cádiz CF qui ont relayer les appels à manifester aux côtés des métallos de la ville, où encore à participer à la caisse de grève. “Tout notre soutien à la grève illimité des métallurgistes. Pas un pas en arrière! La lutte est le seul chemin!” Sur Twitter, les Brigadas Amarillas ont aussi fustigé l’attitude du club qui, derrière une apparente neutralité, a salué le constructeur naval Navantía, son partenaire. “Ne pas prendre position c’est vendre ton peuple, celui qui lutte actuellement pour le présent et le futur de notre baie. Aujourd’hui plus que jamais: LA LUTTE NE SE NEGOCIE PAS!” La réception de l’Atlético de Madrid le dimanche 28 novembre devrait être l’occasion pour le groupe d’exprimer sa solidarité directement dans les tribunes du Nuevo Mirandilla.

Toujours sur les réseaux sociaux, les voisins du Kolectivo Sur du Xerez Deportivo FC, grands rivaux des Brigadas Amarillas, ont aussi affiché leur soutien à la grève, tout comme les Fanàtiks ATB de l’Atlètic Balears: “La lutte est le seul chemin! […] Vive la lutte de la classe ouvrière!” Les Bukaneros 92 n’ont pas failli à leur réputation. Solidaire de la classe ouvrière en lutte en toutes circonstance, les ultras du Rayo Vallecano ont accroché, comme ils en ont l’habitude, une banderole à l’extérieur de leur stade qu’on pourrait traduire ainsi: “Travailleurs de la métallurgie: fierté et exemplarité“.

Mention spéciale aux Biris Norte, principal groupe de supporters du FC Séville, qui ont déployé une banderole en tribune à l’occasion de la réception d’Alavés au stade Ramón Sánchez Pizjuán, en championnat: “Le match le plus important se joue à Cádiz. Vive la lutte de la classe ouvrière!

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