Fenix Trophy: Présentation des équipes engagées

Au mois de septembre, commencera le Fenix Trophy, compétition européenne de football amateur qui mettra aux prises huit équipes provenant de sept pays différents. Apprenons à mieux connaître les huit protagonistes de cette première édition.

Dans une période où le football marchand creuse des fossés est traversé par les velléités sécessionnistes des clubs les plus riches, le Fenix Trophy incarne autant une alternative qu’une volonté de revenir aux sources. Pour cette première édition, à l’initiative des Italiens du Brera FC, s’affronteront huit équipes réparties en deux groupes. Chacune de ses équipes amateurs voyagera donc trois fois à travers l’Europe. Une expérience excitante pour ces clubs habitués aux joutes régionales. La compétition commencera le 22 septembre. Présentation rapide des participants.

Groupe A

ASD Lodigiani Calcio: la pépinière romaine

Lodigiani est né une première fois en 1972, en lien avec l’entreprise Lodigiani Costruzioni. Il connaît un développement progressif qui le mène au début des années 90 jusqu’en Série C1. Relégué à l’issue de la saison 2001/02, le club est racheté par un autre club romain, pour former le Cisco Lodigiani Calcio. L’opération n’est pas concluante. Certains, nostalgiques de la Lodigiani décident donc de refonder le club en 2005. Aujourd’hui, il évolue en Promozione, soit le 6e niveau du football italien.

D’abord sous le nom de “Nuova Lodigiani”, le club retrouve La Borghesiana, un complexe sportif construit à l’occasion du Mondial 90. L’équipe dirigeante va alors s’évertuer à structurer le nouveau club – dont l’équipe fanion doit repartir en Prima Categoria – et notamment l’école de foot qui était réputée dans tout le pays pour avoir vu passer des noms aussi prestigieux que Luigi Apolloni, Francesco Totti, Antonio Candreva ou encore Alessandro Florenzi. Le grand Luca Toni a aussi porté le maillot de la Lodigiani, lors de la saison 98/99.

CD Cuenca-Mestallistes: le représentant du futbol popular

Le club qui tient son nom de la rue Cuenca à Valence est né en 1925, ne fonctionne sur le modèle “un socio, une voix” que depuis 2020, soit une seule saison. Mais déjà couronnée par une montée en Primera Regional, le 7e échelon du football espagnol. Pour sa deuxième saison, outre son championnat, le club populaire valencien relèvera aussi le challenge du Fenix Trophy avec appétit, conscient qu’il s’agit là d’une rare opportunité de vivre une expérience “européenne” en compagnie de ces clubs amateurs au profil atypique.

Matrice historique du CD Mestalla – l’équipe réserve du grand Valencia, d’où sont sortis des joueurs comme Ricardo Alós et Vicente Seguí – le CD Cuenca-Mestallistes n’usurpe pas sa place au milieu de ces clubs que l’organisation présente comme “iconiques”. Avec son président d’honneur Mario Kempes, le club se veut être un “refuge sentimental du valencianisme” destiné à tous les dégoûtés de ce que Peter Lim et ses amis font du club Che. Le Fenix Trophy donnera au CD Cuenca-Mestallistes l’occasion de faire briller son projet alternatif et plus largement le mouvement du futbol popular dont il sera le représentant.

HFC Falke: le protest club d’Hambourg

Dans le pays de la règle de plus en plus contestée, et parfois contournée, du “50+1” – qui empêche qu’un actionnaire privé possède plus de 49% des parts d’un club – il existe des résistants adeptes du 100% fan-owned. Le HFC Falke est à ranger dans ce camp là. Premier protest club allemand, il est né en 2014 de la colère d’un groupe de supporters du Hambourg SV en désaccord avec la décision prise par la majorité d’ouvrir en partie du capital de club.

Ils ont alors décidé de bâtir un nouveau sur le modèle des clubs populaires, propriétés de leurs membres, où tous disposent de la même voix pour prendre les décisions. Sept ans après sa fondation, le club compte environ 350 membres, et deux équipes. L’équipe une évolue actuellement en Bezirksliga (dans la même poule que l’équipe 3 de St. Pauli), équivalent de la 7e division.

Le HFC Falke défend un retour à cette sociabilité que seul le football sait produire. Ce que le football moderne a peu à peu détruit avec ses prix élevés et ses multiples mesures sécuritaires dans les stades, comme l’interdiction de boire une simple bière en supportant son équipe. Depuis sa création, le HFC Falke s’est attaché à nouer des liens avec d’autres clubs fonctionnant sur le même modèle comme le YBSK Beveren, le City of Liverpool et bien sûr le FC United of Manchester aux côtés de qui il compte bien porter l’étendard d’un football appartenant vraiment aux supporters.

Prague Raptors FC: atteindre le haut niveau tout en rendant le monde meilleur

Ce jeune club créé en 2017 revendique autant son engagement social et caritatif que la volonté de pratiquer un football attractif et de haute intensité. Ce sont pas moins de quarante nationalités, pour une centaine de membres, qui se côtoient au sein du Prague Raptors. L’histoire raconte que c’est le fils du propriétaire du club Daz Moss, âgé de 6 ans et passionné par les vélociraptors, qui a donné le nom au club.

Le club compte sur un jeune coach ambitieux et dynamique, Jonathan Davies, également entraîneur des U12 du Slavia Prague. En 2019, il déclarait auprès du média Kafkadesk vouloir emmener le club aussi loin que possible et monter dans les divisions supérieures du football tchèque. “D’après ce que j’ai vu du football tchèque, il n’y a aucune raison que nous ne puissions pas (avec un peu de chance et de patience) atteindre le sommet.” Évoluant pour l’instant dans le championnats praguois, au 7e échelon du football tchèque, le club va effectivement devoir faire preuve de patience. Mais la solidité de ses objectifs sportifs se mesure aussi par la mise sur pied de son équipe féminine et de son école de foot.

En attendant, le Prague Raptors se distingue aussi par ses engagements multiples en faveur de la diversité et de l’égalité. Le club est notamment impliqué dans des projets tels que “Football vs Homophobia”, et apporte son soutien à des associations caritatives comme Street Child (qui aide les enfants confrontés à des situations de violence dans leurs pays) ou Brave Bear (qui aide les enfants atteints de maladies mortelles).

Groupe B

Brera FC: le “Troisième club de Milan”

Le club où est né l’idée de cette compétition amicale. Fondé en 2000 à la suite de l’Atlético Milan, le Brera FC est communément considéré comme le troisième club de la capitale lombarde et affiche l’ambition d’exister, avec ses armes et ses initiatives, dans l’ombre des deux géants que sont l’Inter et le Milan AC. Après avoir connu la Série D à ses débuts – le club était alors coaché par l’ex-gardien international Walter Zenga – les Neroverdi évoluent aujourd’hui en Prima Categoria (la 7e division) et évoluent à l’Arena Civica “Gianni Brera”, une enceinte chargée d’histoire.

Le club milanais se distingue surtout par les nombreux projets sociaux et humanitaires auxquels il a pris part, voire qu’il a impulsé, en soutien à la réinsertion des détenus, aux jeunes migrants ou encore aux Roms. A chaque fois en bâtissant des équipes prêtes à prendre part à des compétitions et y faire bonne figure. “Contrairement à ce qu’on pourrait croire, la victoire est très importante. […] c’est ce qui permet d’aller plus loin que la simple question de dignité sociale.” expliquait Alessandro Aleotti, président et fondateur du Brera FC, dans une interview donnée à So Foot en 2016, à propos de la sélection Rom.

Riche d’un effectif international composé de joueurs africains, sud-américains et européens, le Brera FC c’est aussi un club épicurien qui fait de la troisième mi-temps une religion: “Nous ne sommes pas un club qui se prend trop au sérieux, comme cela arrive souvent même chez les amateurs“, précise Aleotti.

AKS Zły: l’avant-garde du football alternatif polonais

Dans l’ombre du géant Legia, et du plus méconnu Polonia, il existe à Varsovie celui qui se présente comme le premier club démocratique du pays. Apparu en 2015 dans le quartier populaire Stara Praga, l’AKS Zły est géré par un collectif de militants, de joueurs et de coachs. Il tire son nom “Zły” du nom du héros d’un roman des années 50. Un célèbre défenseur des opprimés dont on retrouve un peu l’esprit dans les projets solidaires dans lesquels s’implique le club, dans les domaines de l’éducation, de l’inclusion ou de l’accueil des réfugiés. Comme lors de la récente opération “Stade ouvert et solidaire” pour récolter des fonds destinés à l’assistance juridique et psychologique des demandeurs d’asile, notamment en provenance d’Afghanistan.

Dans son “antre” de la Don Pedro Arena, où l’entrée est libre, le fair-play prime et les insultes envers l’adversaire ou l’arbitre sont proscrites. Jusqu’à plusieurs centaines de supporters peuvent venir assister aux matchs de l’équipe masculine qui évolue aujourd’hui en Klasa A, le 7e échelon, ou de l’équipe féminine qui participe quant à elle au championnat de III Liga, la 4e division. Le club met d’ailleurs un point d’honneur à accorder une égale importance à ses sections féminines et masculines.

AFC DWS: l’honneur des dockers d’Amsterdam

C’est indiscutablement le doyen du Fenix Trophy. L’AFC “Door Wilskracht Sterk”, slogan signifiant “Plus forts par la volonté”, est né en 1907 sur les docks d’Amsterdam. Il est aussi le club qui a le plus beau palmarès du plateau avec un titre de Champion des Pays-Bas en 1964, obtenu alors qu’il était promu. Mais aussi un 1/4 de finale de Coupe d’Europe, la saison suivante, éliminé par les Hongrois de Györ.

A l’origine, l’AFC DWS est intimement lié au prolétariat de la ville et participe à la fédération travailliste de football, lié au mouvement socialiste. Un ancrage ouvrier qui s’est aussi manifesté dans les années 50 par ses initiatives de solidarité pour venir en aide aux chômeurs de la ville.

L’AFC DWS a été à l’origine de la création en 1972 du FC Amsterdam issu d’une fusion avec deux autres clubs de la ville. Une aventure qui prend fin au bout de dix ans. Le club reprend alors son autonomie en division amateur, s’appuyant sur une école de foot de qualité d’où sortiront entre autre Ruud Gullit et Frank Rijkaard. Rien que ça. Aujourd’hui, le club continue sa route au 7e niveau, en 2e Klasse, et va pouvoir goûter à nouveau à la saveur des matchs européens.

FC United of Manchester: pour avoir ouvert la voie

C’est un peu le modèle auquel se réfère une majorité de clubs populaires. Le club a été fondé en 2005, en réaction au rachat de Manchester Utd par le milliardaire Glazer, même si ce n’est pas la seule raison. Le club s’est structuré autour d’un fonctionnement démocratique et égalitaire où chaque membre dispose d’une voix. Une réponse au sentiment de dépossession de leur club de toujours, symbole du football moderne. Leur slogan “Our club, Our rules” (Notre club, Nos règles) annonce la couleur.

Niveau sportif après avoir enchaîné plusieurs montée d’affilée, le club est solidement installé aujourd’hui en Northern Premier League, soit le 7e niveau. Ses matchs attirent régulièrement plus de 2000 supporters, dans son stade, le Broadhurst Park, achevé d’être construit en 2015. Le maintien de prix abordables faits d’ailleurs partie des principes fondateurs du club. Ces affluences sont aussi la preuves que le club peut compter sur une communauté importante. Le Fenix Trophy donnera aux supporters mancuniens l’occasion de briller et de faire voyager son modèle dans une compétition où il apparaît comme favori.

 

 

 

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