Un référendum contre le nouveau stade de Montpellier ?

©Montpellier 3M

La livraison du futur stade Louis-Nicollin est attendue pour 2022 ou 2023, dans le quartier Cambacérès, au sud de Montpellier, où est déjà implantée la nouvelle gare aussi coûteuse qu’inutile. Alors que les travaux de construction doivent commencer le 26 juin prochain, jour du premier match du Mondial féminin, le projet est loin de faire l’unanimité. C’est pourquoi, certaines associations demandent un référendum sur cette question.

A l’initiative d’ATTAC, accompagnée de plusieurs associations citoyennistes, une pétition en ligne a été publiée. Elle est adressée à la Métropole de Montpellier, présidée par Philippe Saurel. L’essentiel du contenu de cette pétition vise à lui demander d’organiser un référendum local sur la question de la construction du nouveau stade. « Avec le stade, le prolongement de la ligne 1 du tram, le réaménagement prévu Esplanade-Comédie-Triangle. Ce sont près de 300 M d’€ d’investissement, sans compter les inévitables dépassements, qui vont être investis sans débat avec la population. »

Surfant sur la popularité soudaine du Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC), revendication en vogue portée par une partie du mouvement des Gilets Jaunes, le texte ne s’oppose pas formellement au projet. Il demande seulement un référendum local, « conformément à la loi ». Derrière ce ton légaliste, l’ordonnance de 2016 permettant aux élus de consulter les électeurs – sous une forme référendaire ou juste consultative – dans le cadre d’un projet de construction susceptible d’impacter l’environnement.

Bien qu’à la mode en ce moment, le référendum ne garantit pas l’imunité contre les manigances du pouvoir. Dès que cette revendication est apparue de façon insistante au sein du mouvement des Gilets Jaunes, le site 19h17.info publiait une critique du RIC, vue comme une proposition de porte de sortie faite au pouvoir, alors qu’on peut obtenir bien plus par la lutte. Par ailleurs, le site met aussi en garde contre l’illusion référendaire en général, « terrain des politiciens ».

Signé par un certain nombre d’entités ou collectifs héraultais, de la Carmagnole au Football du Peuple, le court texte de la pétition a le mérite de mettre la lumière sur un projet qui, jusqu’ici, s’était distingué par sa relative opacité, ne délivrant des informations qu’au compte-gouttes. Ceci dit, face à l’évidence d’un projet guidé par le seul intérêt financier, ça reste une initiative gentillette. En face, il s’agit ouvertement d’un projet capitaliste d’urbanisation dont le but est de générer de nouveaux revenus. Et il ne s’arrêtera ni avec une pétition, ni avec un référendum. La lutte victorieuse contre l’aéroport de Notre-Dame des Landes donne quelques pistes.

Avec des boutiques, des restaurants, des hôtels, voire un casino, construits dans le périmètre du stade, le président Laurent Nicollin espère rivaliser avec Bordeaux ou Nice, deux clubs qui ont fait construire ces dernières années un nouveau stade. Montpellier suit cette voie, avec un partenariat public/privé (PPP), montage financier conclu entre la Métropole et la Ville de Montpellier d’une part et le groupe Nicollin et le MHSC, d’autre part. Un modèle déjà expérimenté dans plusieurs stades dont la logique de partage est à peu près celle-ci : investissements publics, bénéfices privés.

Au-delà des questions de gaspillage d’argent public ou de manque de concertation, les grands absents de la contestation et du débat sont pour l’instant les supporters du club. Il vont pourtant se voir privés de leur stade historique, dans le quartier de la Paillade, indissociable de l’identité populaire du MHSC. Pire, parce que situé en zone inondable, le stade de la Mosson est promis à accueillir des bureaux. Les édiles envisagent d’en faire un repaire de start-up. Triste fin pour ce stade occupé depuis 44 ans par le club. Nul doute que les supporters pailladins ont leur mot à dire et qu’ils ont la possibilité de mettre des bâtons dans les roues de ce futur projet. Au moins autant qu’un référendum local. Mais encore faut-il qu’ils s’y opposent. Dans les cas précédents, à Bordeaux, Lyon, Lille ou Nice, jamais les supporters ne sont parvenus à faire avorter les projets de nouveau stade.

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