“O tutti, o nessuno!”: Le Green Pass massivement rejeté par les ultras italiens

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Alors que les championnats des divisions professionnelles reprennent ce week-end en Italie, les groupes ultras du pays ont adopté une position presque unanime de boycott des tribunes. Un refus qui s’inscrit dans une longue histoire de résistance, mais aussi face à des mesures sanitaires particulièrement restrictive.

La mise en place du “Green Pass” le 6 août dernier en Italie a aussi engendré des manifestations de la population. Mais il faut reconnaître qu’elles sont moins imposantes et soutenues qu’en France, et que le leadership de la droite nationaliste n’y rencontre pas de réelle opposition. Selon un sondage réalisé début août 7 italiens sur 10 seraient favorables “Green Pass”. Délivré à la première dose de vaccin, il n’est pas non plus exigé en terrasse. Sur ces aspects, certains s’accordent pour dire qu’il est une version plus souple, voire édulcorée, du Pass Sanitaire d’Emmanuel Macron. Sauf que les choses se corsent sérieusement au moment de franchir les portes des stades.

Des mesures incompatibles avec la culture ultra’

Parmi les principaux pays de football du Vieux Continent, l’Italie est probablement celui où la réouverture des tribunes aux supporters, sous le régime l’état d’urgence sanitaire, est la plus sécuritaire. Outre l’indispensable “Green Pass” et QR code relié à l’identité de son détenteur, une jauge fixée à 50% de la capacité des stades, maintien des gestes barrière et de la distanciation, placement dans le stade “en damier”, et enfin interdiction d’introduire du matériel d’animation de type banderoles, tambours ou mégaphones. Rien que ça!

La majorité des groupes rejettent le principe du “Green Pass” et de l’arsenal de restrictions qui va avec. Au pays de la Tessera del tifoso, c’est tout sauf une surprise. Le 1er tour de la Coppa Italia a été pour eux l’occasion de réaffirmer leur mot d’ordre “O tutti, o nessuno!”. Soit tout le monde, soit personne. Autrement dit, à l’exception de quelques ultras (Hellas Vérone ou Ancona par exemple), tant que l’accès au tribune reste soumis aux mesures liées au passeport sanitaire, les groupes boycotteront. “Pour nous, le moment n’est pas encore venu… Nous ne reviendrons qu’à 100%” proclamait la banderole des Ultras Tito Cucchiaroni de la Sampdoria devant le Stade Fortunati de Pavia, avant le match amical disputé entre leur équipe et le Hellas Vérone. “On retournera dans les stades, mais seulement à notre façon” jure de son côté la Curva Nord de Ternana. Un écho à la promesse faite par la Curva Nord de Bari en conclusion de son communiqué: “Soyez en sûrs, nous reviendrons et nous le ferons en tant qu’ultras!

Un combat continu…

Le slogan “Soit tout le monde, soit personne” était déjà le mot d’ordre des protestations face aux mesures sanitaires qui encadraient la reprise de la saison dernière. Parmi les groupes qui étaient déjà monté au créneau, on retrouvait les emblématiques Curva Nord de Bergame ou la Curva Fiesole de Florence dont les mots sont toujours d’actualité aujourd’hui: “Nous ne pouvons pas non plus accepter que les Fiorentini, tifosi ou ultras que nous sommes, restent à l’extérieur pour une question de capacité réduite. C’est tout le monde ou personne.” A l’aube de la reprise du championnat la banderole de la Curva Nord Inferiore de Palerme, “Notre absence est pour la cohérence“, résume aussi combien le refus du “Green Pass” s’inscrit dans la continuité des combats menés dans le passé, notamment contre la Carte du Supporter.

Aujourd’hui, les communiqué de groupes ou de curve pleuvent et se ressemblent, affirmant le rejet du “Green Pass” en prenant soin de se démarquer des positions “anti-vax”. La Curva Sud de Crotone, la Curva Sud Vincenza, les Ultras de Brescia, les Ultras d’Avellino et de nombreux autres ont annoncé leur intention de boycotter le retour au stade dans ces conditions. A l’exemple du groupe 1982 Pistoia, qui se définit comme “apolitique”, a communiqué dès le lendemain de sa mise en place contre cet “énième instrument de contrôle, d’atteinte aux libertés et de discrimination qui prend le nom de Green Pass“.

Tous les prétextes sont bons pour éloigner les ultras

Les supporters de Palerme entrent un peu dans les détails des mesures et questionnent la spécificité des mesures sanitaires visant les tribunes. “Il est légitime pour tous de demander à quoi servent plus de soixante-dix millions de vaccins administrés dans tout le pays ainsi que les milliers de prélèvements quotidiens, s’ils veulent nous garder dans nos secteurs comme sur un échiquier, assis, avec un bâillon sur la bouche et dépouillés de tout ce qui est le matériel habituel des ultras.” Le caractère répressif et absurde est aussi souligné par les ultras d’Avellino: Si nous voyageons durant cinq heures dans un fourgon, que nous sommes vaccinés ou avec un test négatif, ils veulent que nous soyons distant au stade, avec le masque sans banderole, sans tambour ni mégaphone (…). Nous ne savions pas que des drapeaux ou une banderole favoriseraient la transmission du Covid.”

On ne peut s’empêcher de voir dans la gestion de l’urgence sanitaire en Italie, une opportunité saisie par les autorités pour poursuivre leur guerre aux ultras en les maintenant à distance des virages. Mais ces derniers qui répètent en chœur qu’ils reviendront dans les tribunes, selon leurs codes et leurs modalités, n’ont pas désarmé.

 

 

 

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