En Allemagne, le bilan positif de la campagne “Boycott Qatar 2022”

La fin du Mondial 2022, entraîne mécaniquement la fin de la mobilisation qui s’est dressée contre lui, mais ouvre certainement une nouvelle page dans la lutte contre le football moderne. Au moment d’en dresser le bilan, l’heure est à la satisfaction pour la campagne allemande “Boycott Qatar 2022“.

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Outre-Rhin, les responsables de la campagne “Boycott Qatar 2022” peuvent se féliciter d’avoir réussi leur coup. “Cette campagne a été un grand succès. Pas seulement parce que l’audience télévisuelle a chuté d’environ 50% par rapport à la Coupe du monde 2018, mais aussi parce qu’un nombre incroyable de programmes alternatifs ont été diffusés dans presque toutes les villes: des débats et des conférences, des tournois de supporters, des expositions, des soirées cinéma et quiz, ou encore des événements musicaux comme “Du rap plutôt que le Qatar.”

Ces multiples initiatives mises sur pied en opposition au Mondial qui se déroulait à Doha sont le résultat d’une “alliance unique en son genre de groupes de supporters, d’organisations de défense des droits de l’homme, de petits clubs et d’autres groupes issus de la société civile, par exemple des associations de jeunes de l’Église.” Illustration de la large adhésion au sein de la société allemande à cette mobilisation lancée plusieurs mois auparavant, qui a œuvré à ne pas laisser de marge aux discours relativisant les milliers d’ouvriers immigrés morts sur les chantiers, et le non-respect des droits de l’Homme. Contrairement à la France où beaucoup ont retourné leur veste au fil du parcours des Bleus, il y a peu de chance en Allemagne que de meilleurs résultats de l’équipe nationale aurait changé quoi que ce soit.

Affluence record pour les féminines du Werder

En juillet dernier, un sondage révélait déjà que 48% des Allemands étaient favorables au boycott de la compétition de la part de leur sélection. La forte mobilisation des ultras quelques semaines avant le Mondial laissait quant à elle entrevoir le succès du boycott du public. Le calcul des audiences est sans équivoque. Par rapport au Mondial 2018, les retransmissions des matchs de la Nationalmannschaft ont enregistré une baisse vertigineuse: en moyenne 12 millions de téléspectateurs en moins. L’occasion pour les passionnés allemands de se tourner vers les sections amateurs, féminines ou jeunes de leur club. Mais aussi vers les équipes locales de handball ou de hockey sur glace.

“Éteindre la télé, allumer le stade!”

Via leurs programmes alternatifs, les groupes de supporters – comme ceux du HSV, d’Augsburg, de Gladbach ou du Werder – ont démontré que la passion générée par le football ne se limitait pas à son élite mondiale. On a ainsi vu 2000 fans de Mönchengladbach suivre les U23 en déplacement et un millier de supporters de Hambourg suivre leur équipe réserve. Le football féminin a aussi été mis à l’honneur. Le Werder féminin a même battu son record d’affluence avec plus de 20 000 supporters présents pour la réception du SC Freibourg, le 26 novembre dernier.

“Est-ce que cela a un sens de continuer à être membre de la FIFA?”

Le collectif “Boycott Qatar 2022” a également annoncé qu’une grande partie de la somme d’argent récoltée au cours de la campagne – par des dons et par la vente de matériel comme les stickers ou les banderoles – sera reversée à deux organismes de solidarité envers les travailleurs migrants: le réseau “Migrant Defenders”, fondé au Kenya par Malcolm Bidali – un travailleur immigré expulsé du Qatar après y avoir été emprisonné pour avoir protesté contre les conditions de travail indignes – et le réseau “Shramik Sanjal”, qui défend les droits des ouvriers népalais dans l’émirat.

D’une façon générale, cette campagne a ouvert des débats de taille sur le football auquel aspirent les supporters, de plus en plus opposé à celui vendu par les instances dirigeantes. “Nous voulons également continuer à discuter de ces questions d’avenir. Par exemple, est-ce que cela a un sens de continuer à être membre de la FIFA?” Derrière les protestations contre le Mondial au Qatar, c’est la citadelle du football moderne qui a été pris pour cible. “Notre campagne est terminée. Mais, dans un sens, elle ne fait peut-être que commencer.”

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